Est-ce une affaire de temps, d'investissement, de compréhension,
d'assimilation ?
En fait tous ces paramètres interviennent d'une façon relative et selon
les individus.Il est courant de penser que nous sommes "tous débutants" si l'on considère le chemin restant à parcourir si l'on veut atteindre une totale maîtrise, à l'image de son fondateur.
Vu sous cet angle faussement humble, même à la veille de notre mort (celle-ci dut elle intervenir dans notre 100e année d'étude), nous serons toujours débutants puisque personne ne sera jamais Ueshiba Morihei.
Pour être plus réaliste, il convient mieux de considérer le parcours accompli, qui sera plus ou moins dense et de qualité variable pour chacun d'entre nous.
En aïkido traditionnel, certains assimilent très vite l'approche
particulière de notre discipline, d'autres ne l'acquerront jamais.
Les premiers témoignent d'une certaine ouverture d'esprit et n'hésitent
pas à remettre en cause le formatage hérité du milieu. D'autres au contraire,
bien qu'ayant choisi une discipline orientale, font des pieds et des mains pour
adapter l'aïkido à leur propre vision.C'est évidemment plus facile mais ce qu'ils font alors n'est plus de l'aïkido.
Il en va également ainsi en ce qui concerne la hiérarchie au sein d'un
dojo.
Nombre de pratiquants attachent une grande importance à la place qu'ils
occupent lorsqu'ils sont en seiza en début et en fin de cours, puisque celle-ci
est sensée représenter leur place dans la hiérarchie.
Et là, c'est la grande confusion dans le cerveau "des
débutants".
D'abord il y a les emplacements honorifiques liés à l'âge ou "le
grade" reçu du maître.Ensuite devraient figurer les uchi deshis, c'est à dire les assistants du maître (du dojo).
Là encore il y a souvent confusion car être fréquemment choisi comme aïte par le professeur n'est en rien le signe d'un quelconque niveau ou grade.
C'est idem en ce qui concerne le port du hakama, celui-ci n'étant "que tout bêtement" le vêtement traditionnel que tout aïkidoka se devrait de porter.
Même au bout de bien des années de pratique, certains ne voient que flatteries et privilèges et évitent soigneusement toute responsabilité ou tâches contraignantes qui pourtant constituent le creusé de l'apprentissage s'ils veulent un jour devenir réellement autonomes.
Malheureusement cette attitude se rencontre de plus en plus dans notre société et la symbolique du dojo n'étant pas accessible à tous, on y croise là aussi les mêmes défauts : arrivisme, stratégies pour s'imposer ou imposer ses propres délires, irrespect des règles, exacerbation de l'ego, défis divers y compris dans la relation élève-professeur.
A quoi sert dès lors d'avoir choisi d'étudier l'aïkido, art noble issu d'une culture différente de la notre ?
Je comprends mieux aujourd'hui le sens des paroles de mon maître il y a
une quinzaine d'années : "on essaie de transmettre (parfois péniblement),
et je sais qu'il y a encore beaucoup de boulot"...
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