7.11.10

Aïkido et combats de rue...

Voici la question (récurrente) qui m'était posée récemment :
 
"je fais de l'aikido depuis le depuis le debut l' année, ça me plait beaucoup et je trouve ça très utile mais j'ai un léger doute sur son efficacité en situation réelle. Je cherche des témoignages sur des forums mais je n'en trouve pas par contre beaucoup de gens en disent du mal je ne comprend pas alors si un de vous a du avoir à se défendre dans la vie de tous les jours j'aimerai qu il me raconte son expérience merci d'avance" 
Et ma réponse :


"Bien que le but de l’aïkido ne soit pas prioritairement l’efficacité dans des combats de rue, votre interrogation est courante lorsqu’on débute l’étude d’un art martial. 
Si votre professeur n’a pas su répondre à votre question ou s’il vous a répondu négativement, c’est qu’il n’a pas lui-même été convaincu.
Dans ce cas vous devriez tous 2 vous trouver un nouveau maître d’aïkido, authentique et qui croit en ce qu’il fait et en ce qu’il enseigne. 
Mais votre question est légitime puisque de nombreux pratiquants et même des professeurs, véhiculent une mauvaise image de la discipline, parce qu’ils sont ignorants mais pensent néanmoins détenir la connaissance.
La plupart du temps, ils ne se sont jamais posé la question de savoir pourquoi ça marche ou pourquoi ça ne marche pas.
Et pour cause, puisqu’ils passent leur temps à apprendre des techniques et non à gérer des situations.
A quoi sert de connaître une technique si le placement, le timing, la distance, (mae ai), etc. ne permettent pas d’utiliser LA technique ; de surcroit ils pratiquent dans des situations "convenues" avec des gentils copains sur un tatami protecteur.
Dans ce cas autant aller s'inscrire à un cours de danse ou de gyme ou apprendre des techniques de combat qui ne font que ressembler à celles de l'aïkido dans un club de ju jutsu, hapkido, self défense ou autre... 
Il faut donc commencer par apprendre les bases et la technique s’impose ensuite selon la situation (et non l'inverse).
On s’aperçoit ainsi très vite que la technique est "peu importante" et ne constitue que l’outil final pour contrôler une situation. 
La plupart des clubs d’aïkido réunissent des pratiquants qui au fil du temps deviennent entre eux très complaisants, exécutent une espèce de jolie chorégraphie convenue et finissent par en oublier le côté martial.
Pourquoi pas, chacun étant libre c'est une affaire de goût, mais ce n'est pas de l'aïkido véritable et notre discipline se trouve ainsi en décalage total avec l’aïkido conçu par UESHIBA Morihei.
Cela nuit beaucoup à l’image de l’aïkido, car même si son Fondateur a voulu créer un art martial non destructeur (dans la dernière période de sa vie), on doit garder à l’esprit qu’à tout moment les techniques peuvent se révéler dangereuses voire mortelles.
Ces explications, tant sur le plan pratique que théoriques, devraient être incluses dans les cours de votre professeur, si celui-ci avait acquit ses connaissances auprès d’un véritable maître. 
Pour répondre plus précisément à votre préoccupation, j’ai personnellement déjà été amené à utiliser ce que j’ai appris de l’aïkido, parfois sur le plan technique, mais aussi et surtout en gérant les conflits en amont de la technique, celle-ci devenant inutile ; et c’est bien là l'utilité véritable de l’apprentissage dans une situation "chaude".
En outre j’ai de nombreuses anecdotes qui contredisent les affirmations que vous évoquez, notamment des anecdotes mettant en face les uns des autres ("amicalement") : des aïkidokas et des judokas, des aïkidokas et des karatekas, etc., voir des gros costauds sensés être "des brutes épaisses invincibles"…au tapis en quelques secondes et depuis très convaincus de l’efficacité de l’aïkido.
En ce qui me concerne, j’ai étudié l’aïkido pendant 20 ans dans plusieurs clubs affiliés à une fédération, où l’on me faisait pratiquer un aïkido plutôt "sportif" et je pensais bien maîtriser mon sujet, jusqu’à un jour de l’année 1998 où…j’ai côtoyé un véritable maître et me suis rendu compte que je devais tout réapprendre quant à l’approche de l’aïkido car il me manquait les bases.
Or si les techniques ne reposent pas sur ces fameuses "bases", les techniques ne servent à rien, c’est comme construire une maison sur du sable…
J’ai donc dû me remettre en question et revoir toute ma copie, mais cela n’a pas été un problème puisque l’aïkido est aussi une école d’humilité où l’ego n’a pas sa place.
J’espère que vous trouverez, vous aussi, un maître authentique qui vous enseignera l’aïkido véritable, dans un dojo traditionnel et non dans un club, et que vous pourrez apprendre et pratiquer un aïkido qui fonctionne aussi avec des non aïkidokas…
Cordialement."