C'est
l'une des caractéristiques de l'approche dite "traditionnelle", mais
ce n'est pas aussi simple qu'il y paraît.
Il
est assez peu fréquent qu'un aïkidoka ait la chance de tomber pile poil sur le
maître qui lui convient et qu'il puisse le conserver durant toute sa vie de pratique,
ne serait-ce que pour une question d'âges.
Il
serait donc davantage judicieux de parler d'Ecole Machin ou courant Bidule, ce
qui n'ôterait en rien les œuvres des dits Me Machin ou Me Bidule, bien au
contraire.
Certains
maîtres insistent pour que les pratiquants se revendiquant de leur enseignement,
mentionnent qu'ils sont leurs élèves, alors que souvent ils ne sont en fait qu'élèves
de leurs élèves, voir élèves d'élèves d'élèves...
Il
ne suffit pas de participer à des stages, même s'ils sont nombreux, pour
pouvoir revendiquer qu'on est l'élève direct d'un maître Machin.
"La
ruse" assez répandue aujourd'hui consiste à utiliser des termes anciens utilisés dans les
écoles traditionnelles d'arts martiaux (ryu).
C'est
ainsi qu'on baptise les élèves assistant d'un maître, "deshi" et
qu'on y ajoute la précision de "uchi" s'il se trouve dans le même
dojo ou "soto" s'il se trouve à pétaouchnoc.
Et
c'est là qu'on rigole en constatant qu'il y a depuis quelques années inflation de
soto deshi, comme si le dojo mère avait un jour compté des centaines ou des
milliers d'élèves, qui auraient été missionnés afin de porter la bonne parole à
travers la France et...le monde entier.
Nul
doute que ceux qui utilisent ce concept s'inspirent de ce qu'a fait le
fondateur de l'aïkido en envoyant ses meilleurs élèves au travers le monde
après la guerre de 40.
Mais
pour qu'un professeur de dojo prétende être un élève de Machin ou l'un de ses soto
deshi, ne faudrait-il pas qu'il ait été ou soit encore un élève régulier,
assidu et pendant des années, ce qui est rarement le cas.
Pour
pallier à cette terminologie impropre, la solution pour certains maîtres est de
qualifier de cours, les stages animés par monts et par vaux. Puisque les élèves
n'étudient pas tous physiquement dans le dojo du maître, on va imaginer que le
maître dispense des cours dans un dojo itinérant, allant de ville en ville,
voir de pays en pays.
Un
dojo étant par définition "un lieu où l'on étudie la voie", rien ne
s'oppose à ce concept.
Par
contre est-il exact que les professeurs qui n'ont reçu l'enseignement du maître
qu'au travers ce type de cours (itinérants et ponctuels) soient qualifiés de
soto deshi ?
N'est-ce
pas grotesque et nullement le reflet de la réalité ?Cela
flaire le marketing et trompe les futurs pratiquants.
Ne
serait-il pas plus honnête qu'un professeur mentionne son parcours, ses
recherches, les maîtres auprès desquels il a étudié, le ou les professeurs ainsi
que les obédiences/écoles/courants ?
Dans
le temps on utilisait le système menkyo et l'on inscrivait tout cela sur des supports
qui prenaient parfois la forme de rouleaux plus ou moins longs.
Le
terme "soto deshi" est aujourd'hui mêlé à toutes les sauces et ne
peut qu'engendrer de mauvaises interprétations, voir des embrouilles avec le
maître cité ou ses authentiques deshi, si peu nombreux soient-ils.
Fort
heureusement, le pratiquant lambda se moque éperdument de toutes ces subtilités.
Mais
quand l'heure arrive de créer son propre dojo et qu'on appartient à une
structure "traditionnelle" (système pyramidal et non fédéral) on est contraint
de fonctionner selon ses règles cela va de soi.
Dans
une telle organisation, quand des usances sont réactualisées sous le prétexte "qu'il
faut s'adapter au monde moderne", on nage dans l'incohérence, le terme
"tradition" est discrédité et devient un élément de marketing parmi
d'autres.
Quant
à ceux qui affirment qu'un dojo est "autonome" cela concerne uniquement
la forme juridique et la comptabilité. Pour la partie aïkido, c'est mensonger,
totalement faux et le professeur est entièrement dépendant. Il n'est même pas libre
de son image ni de citer ses références, même si celles-ci sont constituées de
40 ans d'expériences et de rencontres.
C'est
tout de même un comble quand on se situe dans le pays des Droits de l'homme non
?!