Le maître (celui qui maîtrise une partie de la connaissance dans un certain domaine) est-il reconnu comme tel par ses élèves ?
Ou bien un prof d’aïkido n’est-il ressenti par ses élèves que comme un fonctionnaire transmettant son savoir, ce qui signifie qu’on ne lui reconnaît aucune qualité particulière qui serait liée à la discipline ?
Cela l’enferme dans un cercle très réducteur si l’on considère l’aïkido comme n’étant pas uniquement une suite de techniques.
Bien que le contact physique soit codifié lors de l’étude, la captation et l’union mentale sont bien en permanence sous-tendues puisqu’on recherche l’unicité.
Il est frustrant pour un professeur d’aïkido de n’être reconnu par la plupart de ses élèves que pour ses connaissances techniques ou sa seule qualité d’animateur, s’apparentant alors à tout encadrant sportif quelconque.
L’aïkido n’étant pas un sport mais un art martial traditionnel, il doit être transmis de maître à élève et non sous forme de cours magistraux s’adressant à une masse.
Une telle perception ne peut être acquise qu’après un certain parcours dans l’apprentissage de l’aïkido.
Quand un dojo subit un turn over important* sans jamais bénéficier d’un noyau dur de pratiquants confirmés il s’apparente, là aussi, à une classe d’écoliers chaque année renouvelée et les principes de l’aïkido ont du mal à ressortir durablement et sous tous leurs aspects.
Le profil d’un bon maître d’aïkido est aussi constitué par sa valeur humaine qui ne se limite évidemment pas au seul périmètre du dojo (nichi jo no taïdo, l’attitude et le comportement dans la vie quotidienne).
Comment les élèves peuvent-ils apprécier cette valeur humaine s’ils n’ont d’échanges que sur les tatamis ?
De nos jours, les uchi deshi n’existent plus dans la pratique puisque les assistants du professeur ne vivent plus au dojo ou sous le même toit que le maître.
Hormis ceux qui participent à des stages de longue durée pouvant déborder du cadre de l’aïkido, il n’y a guère de possibilité de réels échanges entre le « maître » et ses élèves.
Le rôle du professeur est donc rendu plus difficile et il y a un réel décalage entre ce que l’aïkido est sensé porter comme valeurs et ce qui est réellement transmis.
En fait il n'est pas douteux que les valeurs de l'aïkido sont davantage transmises hors du dojo et à toutes occasions que sur les tatamis, mais ça les aïkidokas ne le savent pas forcément.
Cela n'est perçu qu'en devenant soi-même autonome et en enseignant l'aïkido.
*De nos jours et particulièrement dans les grandes agglomérations, les pratiquants sont soumis à une mobilité géographique de plus en plus marquée.
De plus l'offre en matière de loisirs étant devenue pléthorique, beaucoup picorent les activités tels des papillons goûtant à tout.
Mais comme on dit « propre à tout bon à rien »…et survoler X disciplines n’a jamais fait un expert d’aucune d’elle.
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