28.4.10

Aïkido et relationnel externe au dojo

Chacun vient pratiquer l’aïkido pour des motifs divers, que ce soit pour des raisons liées au côté martial de la discipline, sa philosophie ou l’aspect physique.  
Il y a aussi une proportion non négligeable de pratiquants qui s’inscrivent en pensant y trouver un milieu propice aux relations, donc à l’amitié.
Ceux-là ont en tête l’esprit « club » ou « associatif », qui évoque l’appartenance à un groupe donc des prolongements relationnels possible puisqu’il y a forcément des affinités communes.

Contrairement aux autres disciplines martiales et sports de combat il n’y a pas de compétition en aïkido. Il n’y a donc évidemment aucune relation liée à leur préparation.

Par ailleurs, qu’elles se déroulent en salle ou en plein air la plupart des activités associatives « sportives » génèrent une relation au-delà de la discipline elle-même.
Cela peut être au travers d’un parcours, d’un repas, d’une 3e mi-temps, ou lors de poses entrecoupant les entraînements.
Ce n’est pas le cas en aïkido puisque hors du dojo, seuls existent quelques brefs moments de vestiaires ou d’échanges « de trottoir » et cela ne permet aucunement des prolongements de moments communs en dehors du cadre du dojo.

Cela entraîne pour conséquence que rapidement, les aïkidokas se rendent compte que la discipline - tant au niveau de son étiquette que dans son cadre physique - ne remplit pas toutes ses attentes sur le plan de la relation humaine.
Il s’ensuit - et personne ne s’en étonnera - qu’un certain nombre de pratiquants s’inscrivent en parallèle à d’autres activités associatives et que leur investissement en aïkido fréquemment, s’étiole au fil du temps au profit d’autres cadres de vie associative.
Voilà ce que l’on peut considérer comme un « handicap » de notre discipline.

Biensûr c’est une analyse générale et il y a des moments d’exceptions.
Les stages hors cadre du dojo, surtout lorsqu’ils se déroulent sur plusieurs jours, sont susceptibles de créer des échanges « hors protocole » mais c’est loin d’être toujours le cas surtout s’ils se déroulent dans de grosses agglomérations où l’on a perdu depuis longtemps le goût des communications et donc les compétences pour relier les gens entre eux.

On prône la pratique d’un aïkido traditionnel et cela est louable puisque c’est aussi une condition de survie de notre discipline.   
Mais il est tout aussi vital d’avoir la capacité de changer de peau selon les circonstances.
On rejoint là cette notion d’aptitude qu’ont naturellement les japonais mais que les occidentaux doivent acquérir avec force, pour ne pas dire « de force ».
L’étiquette inscrite dans la discipline accentue la difficulté chez la plupart des aïkidokas et la capacité de s’adapter n’est liée ni au grade ni à l’ancienneté.  

En d’autres termes, les aïkidokas doivent s’efforcer de comprendre que la bulle que constitue le dojo est un montage mental et physique qui doit permettre autre chose, ailleurs.
La question est de savoir s’il est possible aussi de prolonger les acquits de l’aïkido avec les mêmes personnes.
L’aïki-do, la recherche de sa propre voie, ne peut se réaliser authentiquement qu’en harmonie avec les autres et pas seulement sur des tatamis !

Il faut aussi mettre à profit toute opportunité relationnelle hors cadre du dojo et de l’aïkido.
Cela peut être lors de pots ou de repas mais aussi lors de manifestations organisées par le dojo ou par l’association multisports (si tel est le cas) ou les communes.
Malheureusement dans certaines communes, la plupart des manifestations festives liées au sport sont orientées exclusivement vers les jeunes et incluent un esprit de compétition en faisant une totale abstraction des 25 / 80 ans malgré qu’ils constituent la majeure partie du tissus associatif.

Cela ne favorise pas le développement de relations transversales et renforce l’isolement des aïkidokas en tant que discipline traditionnelle à part et cela impacte aussi sur le plan individuel.

L’aïkido ne crée pas des liens mais il est sensé fournir des outils pour en créer.
Dommage que les aïkidokas, dans les grandes villes, n’en jouissent que rarement entre eux.

De surcroît qu’on le veuille ou non, l’esprit consommateur domine aussi dans les dojos d’aïkido et cela n’a jamais été fertile en relations ni créatif.

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