Chacun vient pratiquer l’aïkido pour des motifs divers, que ce soit pour des raisons liées au côté martial de la discipline, sa philosophie ou l’aspect physique.
Il y a aussi une proportion non négligeable de pratiquants qui s’inscrivent en pensant y trouver un milieu propice aux relations, donc à l’amitié.
Ceux-là ont en tête l’esprit « club » ou « associatif », qui évoque l’appartenance à un groupe donc des prolongements relationnels possible puisqu’il y a forcément des affinités communes.
Contrairement aux autres disciplines martiales et sports de combat il n’y a pas de compétition en aïkido. Il n’y a donc évidemment aucune relation liée à leur préparation.
Par ailleurs, qu’elles se déroulent en salle ou en plein air la plupart des activités associatives « sportives » génèrent une relation au-delà de la discipline elle-même.
Cela peut être au travers d’un parcours, d’un repas, d’une 3e mi-temps, ou lors de poses entrecoupant les entraînements.
Ce n’est pas le cas en aïkido puisque hors du dojo, seuls existent quelques brefs moments de vestiaires ou d’échanges « de trottoir » et cela ne permet aucunement des prolongements de moments communs en dehors du cadre du dojo.
Cela entraîne pour conséquence que rapidement, les aïkidokas se rendent compte que la discipline - tant au niveau de son étiquette que dans son cadre physique - ne remplit pas toutes ses attentes sur le plan de la relation humaine.
Il s’ensuit - et personne ne s’en étonnera - qu’un certain nombre de pratiquants s’inscrivent en parallèle à d’autres activités associatives et que leur investissement en aïkido fréquemment, s’étiole au fil du temps au profit d’autres cadres de vie associative.
Voilà ce que l’on peut considérer comme un « handicap » de notre discipline.
Biensûr c’est une analyse générale et il y a des moments d’exceptions.
Les stages hors cadre du dojo, surtout lorsqu’ils se déroulent sur plusieurs jours, sont susceptibles de créer des échanges « hors protocole » mais c’est loin d’être toujours le cas surtout s’ils se déroulent dans de grosses agglomérations où l’on a perdu depuis longtemps le goût des communications et donc les compétences pour relier les gens entre eux.
On prône la pratique d’un aïkido traditionnel et cela est louable puisque c’est aussi une condition de survie de notre discipline.
Mais il est tout aussi vital d’avoir la capacité de changer de peau selon les circonstances.
On rejoint là cette notion d’aptitude qu’ont naturellement les japonais mais que les occidentaux doivent acquérir avec force, pour ne pas dire « de force ».
L’étiquette inscrite dans la discipline accentue la difficulté chez la plupart des aïkidokas et la capacité de s’adapter n’est liée ni au grade ni à l’ancienneté.
En d’autres termes, les aïkidokas doivent s’efforcer de comprendre que la bulle que constitue le dojo est un montage mental et physique qui doit permettre autre chose, ailleurs.
La question est de savoir s’il est possible aussi de prolonger les acquits de l’aïkido avec les mêmes personnes.
L’aïki-do, la recherche de sa propre voie, ne peut se réaliser authentiquement qu’en harmonie avec les autres et pas seulement sur des tatamis !
Il faut aussi mettre à profit toute opportunité relationnelle hors cadre du dojo et de l’aïkido.
Cela peut être lors de pots ou de repas mais aussi lors de manifestations organisées par le dojo ou par l’association multisports (si tel est le cas) ou les communes.
Malheureusement dans certaines communes, la plupart des manifestations festives liées au sport sont orientées exclusivement vers les jeunes et incluent un esprit de compétition en faisant une totale abstraction des 25 / 80 ans malgré qu’ils constituent la majeure partie du tissus associatif.
Cela ne favorise pas le développement de relations transversales et renforce l’isolement des aïkidokas en tant que discipline traditionnelle à part et cela impacte aussi sur le plan individuel.
L’aïkido ne crée pas des liens mais il est sensé fournir des outils pour en créer.
Dommage que les aïkidokas, dans les grandes villes, n’en jouissent que rarement entre eux.
De surcroît qu’on le veuille ou non, l’esprit consommateur domine aussi dans les dojos d’aïkido et cela n’a jamais été fertile en relations ni créatif.
28.4.10
6.4.10
Vrais aïkidokas et authentiques consommateurs
Le pratiquant d’aïkido préfère t-il avoir une attitude de consommateur ou celle d’un aïkidoka acteur ?
Les consommateurs considèrent l’aïkido comme un sport et viennent chercher leur dose de deux heures par semaine (ou tous les 15 jours-3 semaines) comme ils le feraient avec la gym, la natation ou le ping pong.
Ils prennent tout ce qu’ils peuvent prendre puis s’en vont consommer d’autres produits.
Ils estiment que le paiement de leur cotisation les autorise à ne rien donner en contrepartie, alors qu’en fait la cotisation ne sert qu’à couvrir les frais de fonctionnement du dojo et aucunement le savoir qui leur est transmis par le maître (souvent bénévole), mais aussi par les véritables aïkidokas, ces derniers ayant compris leurs rôles d'acteurs.
On peut se demander ce que les consommateurs font dans un dojo d’aïkido, puisque toute autre activité physique (ou discipline martiale) pourrait les contenter.
De plus ils polluent ceux qui s’investissent dans une pratique sérieuse et ils sont susceptibles de communiquer leurs manques de motivation à l’ensemble des pratiquants.
On ne peut nier en effet que les consommateurs influencent négativement l’attitude de l’ensemble des membres du dojo notamment par leur manque d’assiduité, par leur paresse ou leur manque d’engagement.
Chacun dans un dojo doit connaître sa place et chacun doit jouer son rôle de sempaï et/ou de deshi.
Ceux qui consomment ne jouent aucun rôle et cela peut avoir pour conséquence de casser l’harmonie et l’homogénéité.
Ils ne prennent en charge aucune tâche, estimant – à tort – que tout leur est dû et qu’ils n’ont aucune obligation envers leur maître et le dojo.
Comptant toujours sur les autres, les tâches administratives ou liées aux cours ne les concernent en aucune manière et ils ne viennent aux cours que « pour mettre les pieds sous la table » et « repartir tout de suite après le dessert ».
Il est aisé de comprendre qu’aucun dojo ne pourrait fonctionner s’ils n’étaient constitués que de consommateurs.
Les consommateurs existent donc grâce mais aussi aux dépens, des véritables aïkidokas.
Inutile de préciser que l’aïkido devant conduire à l’autonomie, les consommateurs ne parviendront jamais à cette étape, étant entièrement dépendants et d’éternels assistés, sans doute comme dans leur banal quotidien.
La présence des consommateurs ne peut donc être que tolérée.
Pourquoi ? parce que « peu de clients = confidentialité de la discipline assurée, ce qui est arrivé à plusieurs disciplines martiales qui ont suivi ce chemin pour finalement disparaître. Si la qualité est la raison d'être de notre discipline, elle a besoin d'une quantité minimum de pratiquants, comme toute espèce qui pour se renouveler a besoin d'un certain nombre d'individus. »
Les consommateurs ne doivent pas s’attendre à une reconnaissance quelconque de la part du maître ni du dojo et c’est une perte de temps pour tout le monde alors qu’il y a mieux à faire avec les véritables aïkidokas.
Les consommateurs considèrent l’aïkido comme un sport et viennent chercher leur dose de deux heures par semaine (ou tous les 15 jours-3 semaines) comme ils le feraient avec la gym, la natation ou le ping pong.
Ils prennent tout ce qu’ils peuvent prendre puis s’en vont consommer d’autres produits.
Ils estiment que le paiement de leur cotisation les autorise à ne rien donner en contrepartie, alors qu’en fait la cotisation ne sert qu’à couvrir les frais de fonctionnement du dojo et aucunement le savoir qui leur est transmis par le maître (souvent bénévole), mais aussi par les véritables aïkidokas, ces derniers ayant compris leurs rôles d'acteurs.
On peut se demander ce que les consommateurs font dans un dojo d’aïkido, puisque toute autre activité physique (ou discipline martiale) pourrait les contenter.
De plus ils polluent ceux qui s’investissent dans une pratique sérieuse et ils sont susceptibles de communiquer leurs manques de motivation à l’ensemble des pratiquants.
On ne peut nier en effet que les consommateurs influencent négativement l’attitude de l’ensemble des membres du dojo notamment par leur manque d’assiduité, par leur paresse ou leur manque d’engagement.
Chacun dans un dojo doit connaître sa place et chacun doit jouer son rôle de sempaï et/ou de deshi.
Ceux qui consomment ne jouent aucun rôle et cela peut avoir pour conséquence de casser l’harmonie et l’homogénéité.
Ils ne prennent en charge aucune tâche, estimant – à tort – que tout leur est dû et qu’ils n’ont aucune obligation envers leur maître et le dojo.
Comptant toujours sur les autres, les tâches administratives ou liées aux cours ne les concernent en aucune manière et ils ne viennent aux cours que « pour mettre les pieds sous la table » et « repartir tout de suite après le dessert ».
Il est aisé de comprendre qu’aucun dojo ne pourrait fonctionner s’ils n’étaient constitués que de consommateurs.
Les consommateurs existent donc grâce mais aussi aux dépens, des véritables aïkidokas.
Inutile de préciser que l’aïkido devant conduire à l’autonomie, les consommateurs ne parviendront jamais à cette étape, étant entièrement dépendants et d’éternels assistés, sans doute comme dans leur banal quotidien.
La présence des consommateurs ne peut donc être que tolérée.
Pourquoi ? parce que « peu de clients = confidentialité de la discipline assurée, ce qui est arrivé à plusieurs disciplines martiales qui ont suivi ce chemin pour finalement disparaître. Si la qualité est la raison d'être de notre discipline, elle a besoin d'une quantité minimum de pratiquants, comme toute espèce qui pour se renouveler a besoin d'un certain nombre d'individus. »
Les consommateurs ne doivent pas s’attendre à une reconnaissance quelconque de la part du maître ni du dojo et c’est une perte de temps pour tout le monde alors qu’il y a mieux à faire avec les véritables aïkidokas.
4.4.10
Maître ou professeur ?
Le maître (celui qui maîtrise une partie de la connaissance dans un certain domaine) est-il reconnu comme tel par ses élèves ?
Ou bien un prof d’aïkido n’est-il ressenti par ses élèves que comme un fonctionnaire transmettant son savoir, ce qui signifie qu’on ne lui reconnaît aucune qualité particulière qui serait liée à la discipline ?
Cela l’enferme dans un cercle très réducteur si l’on considère l’aïkido comme n’étant pas uniquement une suite de techniques.
Bien que le contact physique soit codifié lors de l’étude, la captation et l’union mentale sont bien en permanence sous-tendues puisqu’on recherche l’unicité.
Il est frustrant pour un professeur d’aïkido de n’être reconnu par la plupart de ses élèves que pour ses connaissances techniques ou sa seule qualité d’animateur, s’apparentant alors à tout encadrant sportif quelconque.
L’aïkido n’étant pas un sport mais un art martial traditionnel, il doit être transmis de maître à élève et non sous forme de cours magistraux s’adressant à une masse.
Une telle perception ne peut être acquise qu’après un certain parcours dans l’apprentissage de l’aïkido.
Quand un dojo subit un turn over important* sans jamais bénéficier d’un noyau dur de pratiquants confirmés il s’apparente, là aussi, à une classe d’écoliers chaque année renouvelée et les principes de l’aïkido ont du mal à ressortir durablement et sous tous leurs aspects.
Le profil d’un bon maître d’aïkido est aussi constitué par sa valeur humaine qui ne se limite évidemment pas au seul périmètre du dojo (nichi jo no taïdo, l’attitude et le comportement dans la vie quotidienne).
Comment les élèves peuvent-ils apprécier cette valeur humaine s’ils n’ont d’échanges que sur les tatamis ?
De nos jours, les uchi deshi n’existent plus dans la pratique puisque les assistants du professeur ne vivent plus au dojo ou sous le même toit que le maître.
Hormis ceux qui participent à des stages de longue durée pouvant déborder du cadre de l’aïkido, il n’y a guère de possibilité de réels échanges entre le « maître » et ses élèves.
Le rôle du professeur est donc rendu plus difficile et il y a un réel décalage entre ce que l’aïkido est sensé porter comme valeurs et ce qui est réellement transmis.
En fait il n'est pas douteux que les valeurs de l'aïkido sont davantage transmises hors du dojo et à toutes occasions que sur les tatamis, mais ça les aïkidokas ne le savent pas forcément.
Cela n'est perçu qu'en devenant soi-même autonome et en enseignant l'aïkido.
*De nos jours et particulièrement dans les grandes agglomérations, les pratiquants sont soumis à une mobilité géographique de plus en plus marquée.
De plus l'offre en matière de loisirs étant devenue pléthorique, beaucoup picorent les activités tels des papillons goûtant à tout.
Mais comme on dit « propre à tout bon à rien »…et survoler X disciplines n’a jamais fait un expert d’aucune d’elle.
Ou bien un prof d’aïkido n’est-il ressenti par ses élèves que comme un fonctionnaire transmettant son savoir, ce qui signifie qu’on ne lui reconnaît aucune qualité particulière qui serait liée à la discipline ?
Cela l’enferme dans un cercle très réducteur si l’on considère l’aïkido comme n’étant pas uniquement une suite de techniques.
Bien que le contact physique soit codifié lors de l’étude, la captation et l’union mentale sont bien en permanence sous-tendues puisqu’on recherche l’unicité.
Il est frustrant pour un professeur d’aïkido de n’être reconnu par la plupart de ses élèves que pour ses connaissances techniques ou sa seule qualité d’animateur, s’apparentant alors à tout encadrant sportif quelconque.
L’aïkido n’étant pas un sport mais un art martial traditionnel, il doit être transmis de maître à élève et non sous forme de cours magistraux s’adressant à une masse.
Une telle perception ne peut être acquise qu’après un certain parcours dans l’apprentissage de l’aïkido.
Quand un dojo subit un turn over important* sans jamais bénéficier d’un noyau dur de pratiquants confirmés il s’apparente, là aussi, à une classe d’écoliers chaque année renouvelée et les principes de l’aïkido ont du mal à ressortir durablement et sous tous leurs aspects.
Le profil d’un bon maître d’aïkido est aussi constitué par sa valeur humaine qui ne se limite évidemment pas au seul périmètre du dojo (nichi jo no taïdo, l’attitude et le comportement dans la vie quotidienne).
Comment les élèves peuvent-ils apprécier cette valeur humaine s’ils n’ont d’échanges que sur les tatamis ?
De nos jours, les uchi deshi n’existent plus dans la pratique puisque les assistants du professeur ne vivent plus au dojo ou sous le même toit que le maître.
Hormis ceux qui participent à des stages de longue durée pouvant déborder du cadre de l’aïkido, il n’y a guère de possibilité de réels échanges entre le « maître » et ses élèves.
Le rôle du professeur est donc rendu plus difficile et il y a un réel décalage entre ce que l’aïkido est sensé porter comme valeurs et ce qui est réellement transmis.
En fait il n'est pas douteux que les valeurs de l'aïkido sont davantage transmises hors du dojo et à toutes occasions que sur les tatamis, mais ça les aïkidokas ne le savent pas forcément.
Cela n'est perçu qu'en devenant soi-même autonome et en enseignant l'aïkido.
*De nos jours et particulièrement dans les grandes agglomérations, les pratiquants sont soumis à une mobilité géographique de plus en plus marquée.
De plus l'offre en matière de loisirs étant devenue pléthorique, beaucoup picorent les activités tels des papillons goûtant à tout.
Mais comme on dit « propre à tout bon à rien »…et survoler X disciplines n’a jamais fait un expert d’aucune d’elle.
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