S'il enseignait encore
aujourd'hui il est vraisemblable qu'il aurait peu d'élèves car sa rigueur et sa
fidélité à l'esprit du fondateur de l'aïkido seraient en décalage total avec ce
que les pratiquants acceptent aujourd'hui de donner pour progresser réellement.
Il aimait à dire que même
s'il ne lui restait qu'un seul élève fidèle à son enseignement il serait
satisfait.
Dans les années 80, il
n'était pas rare qu'il soit choisi comme aïte par les grands maîtres lors de
leurs passages en France (par exemple Me Sugano).
On était bien loin de la
course aux scores et aux rivalités, partout omniprésents dans les comportements
et les discours, surtout dans certaines écoles revendiquant le label
"traditionnel".
Ce professeur (qui ne
s'est jamais fait appelé "maître") avait pourtant un niveau sortant
du lot et ça me fait bien marrer de voir les titres ronflant que beaucoup de
petits profs s'attribuent ou se voient attribuer histoire de ne pas les voir se
barrer ailleurs.
Dans le même esprit,
j'ai fait la connaissance d'un authentique professeur qui lui aussi enseigne
quasiment gratuitement (à Montluçon).
N'ayant rien fait pour
se faire connaître "par des moyens modernes", il a enseigné pendant
plusieurs années à une petite poignée d'élèves, malgré qu'il ait à sa
disposition plus de 200 m2 de tatamis.
Bien que nos approches
soient différentes, nos échanges ont été enrichissants.
De filière Hikitsuchi/Blaise
et diplômé Aïkikaï, il a néanmoins su se détacher de l'emprise de sa fédération
afin de pratiquer sans contrainte et être libre de conduire ses propres
recherches.
Peu d'aïkidokas ont les
couilles pour le faire et cela mérite d'être salué.
A aucun moment ni l'un
ni l'autre n'avons eu l'idée de comparer.
Bien au contraire nous
avons travaillé à améliorer nos points communs et à tirer meilleur profit de
nos connaissances respectives.
On est donc bien loin
des attitudes sectaires et des tentatives de formatages que l'on rencontre
aussi bien dans les structures dites "traditionnelles" que dans les
fédérations.