Tout aïkidoka est censé faire abstraction de son ego mais ce n'est pas toujours
le cas.
En voici une illustration, qui nous a été rapportée.
C'est
l'histoire d'un mec...récemment 1er dan (qu'on nommera X) qui appartenait à un
dojo tenu par un 4e dan, au demeurant labellisé "diplômé d'état" (qu'on
nommera Y).
Y étant
opportuniste et avide de fric, il parachuta son élève X dans un club périphérique
afin d'en récolter un revenu supplémentaire malgré ses apparitions quasi
inexistantes.
L'activité
aïkido dans ce club était due ni à l'un ni à l'autre, mais était née sous
l'impulsion d'un pratiquant Z, qui devint de fait "l'élève de X",
chaperonné par Y.
Au bout
de quelques mois X laissa son poste vacant pour s'établir dans une autre région,
et c'est Z qui reprit le dojo en étant obligé de continuer à rétribuer Y bien
que cette rémunération fut difficilement justifiable.
Libéré
de ce joug la saison suivante, Z anima seul le dojo pendant les 10 années qui
suivirent.
Il le
développa tant et si bien qu'il devint le 1er de sa région en termes
d'effectifs et le 3e en France à l'intérieur de sa fédération (hors grandes
villes).
Constatant que le dojo de
Z jouissait d'une bonne réputation, X fit des pieds et des mains pour s'en
attribuer le mérite, alors que le dojo n'avait nullement été marqué de son
empreinte lors de sa furtive présence de quelques mois...10 ans auparavant.
Afin de
bénéficier de son aura, X ne ratait jamais une occasion de rappeler son passage
au dojo de Z, lors de stages et de rencontres et même sur son site internet.
Evidemment
"il omettait de préciser" que ce dojo ne lui était redevable en rien
et que sa courte présence n'avait laissé de lui aucun souvenir impérissable...
Il n'avait
pourtant nullement besoin de telles manœuvres, ayant semble t-il tracé sa route
honorablement (?).
On ne sort
jamais grandi à vouloir faire de l'ombre en se dressant sur la pointe des pieds
ou en récupérant les lauriers d'autrui.
"Qui
se dresse sur ses pieds ne peut se tenir droit longtemps (Lao-Tseu)
Ce
comportement n'est pas rare. Il illustre la rapacité de certains qui font feu
de tout bois pour alimenter leur ego ou se faire valoir auprès de leurs paires,
leurs supérieurs voir même de leurs subalternes.
On en
rencontre partout : dans les milieux professionnels mais aussi dans toutes les micro
sociétés.
L'univers
de l'aïkido n'en est pas épargné et c'est regrettable.
Pour
certains cela signe un besoin de reconnaissance ou le désir irrépressible de
flatter leur ego, pour d'autres un besoin de mise en valeur de leur carte de
visite afin d'en tirer un profit mercantile.
Dans une
société qui juge beaucoup sur les apparences, d'habiles usurpateurs peuvent
ainsi tirer indûment titres et reconnaissance car il y a peu d'experts aptes à les
identifier.
L'anecdote
ci-dessus n'est que l'une parmi tant d'autres. On pourrait se montrer
indifférent à cette attitude de chefaillon, sauf que les usurpateurs agissent
toujours de façon sournoise et c'est toujours au détriment des véritables bâtisseurs
qui souvent, restent volontairement dans l'ombre.
Cela me fait penser à cette soi-disant étudiante qui m'avait contacté en
vu de préparer une thèse sur la maladie "orpheline" dont j'avais été
victime. Plusieurs mois après, j'ai découvert qu'elle avait publié un
ouvrage sur le sujet, qui reprenait nombre des informations que je lui avais
fournies gratuitement.
"Qui s’exhibe ne rayonnera pas.
Qui s’affirme ne s’imposera pas.
Qui se glorifie ne verra pas son mérite reconnu.
Qui s’exalte ne deviendra pas un chef" (Lao Tseu)
Ces paroles sont très belles, mais est-ce que ça se passe réllement ainsi ?
Et à force d'être entouré de telles laideurs, ne risque t-on pas d'en être
contaminé ?
"Qui contemple l'eau trouble, perd de vue l'eau limpide" (Thouang Tseu)