16.10.08

Créer son dojo d'Aïkido Traditionnel


Conseils pour la création d’un dojo d’Aïkido " traditionnel "

Ne vous laissez pas séduire par d'apparentes facilités ou bien vous serez très vite confrontés aux assoiffés de pouvoirs qu'on rencontre partout...
A moins que vous disposiez de moyens financiers très importants, en France il n’existe que 2 choix qui généreront par la suite soit l'autonomie soit des dépendances voire des ingérances...
Même si les contraintes peuvent paraître plus fastidieuses au départ, il faut toujours privilégier la création de sa propre association plutôt qu’une intégration à une association type multisports, déjà existante.

Les raisons
-parce que l’aïkido n’est pas un sport (bien qu'il se pratique dans un dojo souvent situé dans un gymnase ou un centre sportif) et que cela évitera par la suite les confusions d’objet et de genre.
- parce qu’en créant votre propre association, vous créerez des statuts protégeant la discipline que vous pratiquez ainsi que son dirigeant (en principe ce sera le professeur c’est-à-dire le maître du dojo sans qui rien ne peut exister).
- parce qu’en fonctionnant d’une façon traditionnelle vous n’aurez de compte à rendre à personne sur la gestion de votre dojo, encore moins au président de l’association "multisports" ou aux membres de son bureau constitué de gens ignorant tout de votre discipline.
- si vous êtes enseignant bénévole et donc non rémunéré (ce qui est fréquent en aïkido) il vous sera aisé, par les cotisations de vos pratiquants, d'être autosuffisant financièrement et vous n'aurez donc pas à pleurer de quelconques subventions, ce qui vous rendrait encore plus dépendant.
- cela vous permettra de gérer les cotisations (même si celles-ci sont modiques) de façon à promouvoir exclusivement votre discipline et votre dojo, et vous pourrez restituer à ceux de vos élèves qui s'investissent le plus, une partie de leur cotisation sous forme de stages gratuits, docu, équipements...
Pour finir, si vous voulez restez libre de votre pratique (dans l'esprit du Fondateur de l'Aïkido), choisissez-vous un vrai Maître et non une fédération par laquelle vous vous créeriez une 2e dépendance !
Seuls vos résultats quant à la formation de vos élèves à l’Aïkido seront votre baromètre de réussite.


L’aïkido est un art (martial) et non un sport de compétition…
Presque tous reçoivent leurs idées toutes faites et suivent toute leur vie l’opinion.
Ils parlent dans le style du temps, ils s’habillent selon la mode, non par aucun principe, mais pour faire comme les autres.
Imitateurs serviles qui disent oui ou non selon qu’on les a suggestionnés et croient après cela s’être déterminés eux-mêmes.
N’est-ce pas là de la folie ?
Folie incurable car les hommes ne se doutent pas qu’ils sont atteints de cette manie de l’imitation.
(Sagesse orientale)
Spécificité française...
L’aïkido traditionnel est à l’opposé des conceptions liées aux associations sportives loi 1901.
Et pourtant, la loi 1901 peut s’avérer un très bon outil, pourvu que l’on prenne grand soin dans la rédaction des statuts.


Le moule "parfait" très apprécié par les détenteurs de pouvoirs (de dire oui ou non)
N’importe qui souhaitant pratiquer une discipline sportive (mais l’aïkido n’est pas un sport), même inexistante dans son coin et nouvelle pour lui, peut pour ce faire créer une association (il suffit d’être au minimum 2).
Puis il expose son projet aux autorités compétentes (adjoint au maire chargé des sports, élu local ou régional, etc…), sollicite un créneau dans les installations communales et une subvention à la communauté, cherche un professeur (de préférence à salarier, ce qui rassurera au niveau des diplômes requis par l’Etat) et l’affaire est faite.
On peut ainsi se retrouver avec un professeur salarié payé en grande partie par la communauté et avec parfois seulement quelques élèves, mais qui auront tous pouvoirs sur lui, y compris le contenu de ses cours, l’attribution des grades, l’appartenance aux différents courants ou fédérations, etc. ( !)
C’est ce qui s’appelle mettre la charrue avant les bœufs et l’on peut très vite se retrouver dans un système fermé, où le prof est à la merci d’un "patron" (en l’occurrence le bureau de l’association multisports) pouvant très bien ne rien connaître de la discipline !


En aïkido traditionnel, la démarche est inverse
C’est un pratiquant qui, estimant avoir acquit un bagage suffisant après un apprentissage et un parcours auprès d’un maître (éventuellement sanctionné par un document) va décider de créer son propre dojo (nous disons dojo et non club sportif) et ainsi devenir autonome (selon l’adage oriental : un maître, un dojo).
Il peut également décider de créer une "succursale", ce qui évitera d’entrer en concurrence avec le dojo de son maître…
Il n’a donc besoin que de solliciter l’usage de tatamis et n’est pas tributaire de subventions pour faire vivre son dojo.
S’il est bénévole (ce qui est souvent le cas dans notre univers d’aïkido traditionnel), il n’aura plus qu’à se faire connaître et faire connaître son dojo afin de le développer, sans aucun sectarisme.
Le montant des cotisations (généralement bas puisque pas de salaire) sera déterminé pour couvrir uniquement le fonctionnement et la promotion du dojo et de la discipline (publicité dans les médias, achat d'armes, assurances, remboursement de stages, frais administratifs, etc.)
Nous sommes donc ici dans un système ouvert, où le professeur est libre d’enseigner à qui il jugera apte à recevoir son enseignement mais où les élèves, eux aussi, sont libres d’accepter ce type de fonctionnement ou pas, et même de rester ou de partir à tout moment, sans pour autant avoir jamais aucun pouvoir sur le contenu des cours ni sur le maître du dojo (l’élève étant symboliquement chez le maître et non l’inverse).
Les "membres du bureau" sont représentés par des élèves exerçant des responsabilités au sein du dojo (les plus proches du prof et de son enseignement étant généralement appelés, eux aussi, à créer un jour leur propre dojo).

Un dojo est donc comparable à une entreprise (évidemment sans but lucratif).
La compréhension de ces différentes notions est fondamentale et devrait éviter de nombreuses confusions.
Les constats
Pour de nombreuses raisons, en particulier parce qu’il s’agit d’une notion orientale, très éloignée des modèles et des schémas auxquels nous sommes habitués, peu de pratiquants savent comment fonctionne un dojo traditionnel.
Encore moins les non pratiquants, et "pire" : ceux qui baignent dans des univers sportifs formatés et bordés d’œillères ou dans l’intolérance.

Pratiquer une discipline orientale comme l’aïkido n’est pas une chose évidente pour un européen. De la même façon, le fonctionnement européen est inconnu du maître japonais. Il nous faut donc à nous européens, comprendre l’esprit de l’aïkido et les lois du dojo.
Il est donc nécessaire d’intégrer l’étiquette et les règles de pratique.

Rappel de quelques notions
Comme le veut la tradition l’élève va chez le maître et quelle que soit sa tâche dans le dojo, l’élève n’est pas chez lui et ne doit jamais l’oublier.
Même après plusieurs années de pratique, un élève peut se voir interdire définitivement l’accès au cours pour des raisons que le professeur n’a pas à justifier.
Imaginons le cas d’un refus dans le contexte d’une association sportive, où le bureau est le patron du club et le professeur son débiteur, son employé aux ordres.
Comment serait gérée une telle situation si le bureau était d’un avis contraire à celui du professeur ?
Peut-on imaginer un seul instant un vrai professeur d’aïkido :
- aux ordres de ses élèves, parfois débutants
- pire, aux ordres de certains élèves qui briguent la place du professeur ou aux ordres de membres extérieurs au dojo appartenant au bureau d’une association multidisciplines.
Du point de vue traditionnel, une telle situation ne peut être acceptée. Il est impossible de faire de l’aïkido dans ce qui ne serait plus un dojo, mais bien un club sportif.
Pour nous, professeurs responsables de la tradition, le " bureau " n’est autre qu’un groupement d’élèves qui acceptent une mission supplémentaire, qui prennent des responsabilités, qui agissent au nom du maître et qui ont sa caution. Ces élèves s’appellent traditionnellement des uchi deshi. Le professeur n’ayant pas toutes les qualités, il s’entoure de gens compétents qui connaissent leur place.
Chaque fois que le maître à faire un rappel à l’ordre, c’est que les anciens n’ont pas fait leur travail.

Le dojo est hiérarchisé, chacun se mettant à sa place.
Les pratiquants, les uchi deshi, les professeurs sont considérés à leur juste valeur. Ces 2 derniers doivent remplir leurs rôles exacts et ne pas les laisser aux consommateurs, aux associations ou aux fédérations.
Celui qui trouve cela anormal, antidémocratique, doit partir ; sa place n’est pas dans un dojo.
Il n’y a pas de place pour la contestation dans un dojo, que l’élève a choisi. Ce qui ne veut pas dire que l’élève ne soit pas autorisé à émettre un avis, au contraire. Cela fait partie des relations normales entre maître et élève et permet au maître, par ses explications, de faire progresser l’élève. Le respect est fondamental.

On n’achète pas la technique. La cotisation montre une gratitude envers l’enseignement reçu : on ne peut recevoir sans rien donner.

On ne discute pas à propos d’une technique : bien que l’élève soit autorisé à avoir un avis personnel et différent, s’il doute ou n’est pas convaincu, il est libre de s’en aller.
Il n’est pas là pour faire un cours dans le cours, l’élève expérimenté n’est pas le professeur, il est simplement sur la voie…

L’aïkido n’est pas un produit de consommation et le fait de s’être acquitté de la cotisation annuelle n’ouvre aucun droit particulier quant à l’enseignement du maître, cela montre simplement la volonté du pratiquant de participer au fonctionnement du dojo.

usob,aikido,bezons,epa,ista,

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire