28.10.08

Prendre soin de ses genoux en pratiquant l’Aïkido

Les problèmes de genoux sont fréquents.Voilà des phrases qu’on peut entendre dans chaque Dojo :
- je ne peux pas monter sur le tatami aujourd’hui, j’ai mal aux genoux !
- est-ce que je peux travailler debout, j’ai trop mal pour faire cette technique à genoux ?
Une étude a montré que près de la moitié des pratiquants d’Aïkido ont des problèmes de genoux durant une saison, au point que cela gêne leur pratique. Ces problèmes sont essentiellement des douleurs qui se répètent souvent sans cause apparente.

Ils touchent autant les hommes que les femmes, mais d’abord les plus gradés, qui sont aussi les plus âgés.

Cela signifie-t-il que l’Aïkido est dangereux pour les genoux ?
Non, bien au contraire, l’Aïkido est une pratique de santé.
L’Aïkido est une pratique de purification profonde qui tend à développer, protéger et fortifier le corps et l’esprit dans le calme, le contrôle de soi et l’harmonie. Tant que l’Aïkido sera pratiqué comme un budo, il sera bon pour la santé. Mais s’il est pratiqué comme un sport, alors il y aura des problèmes.

La fréquence des problèmes de genoux est élevée puisque 45% des aïkidokas ont été gênés dans leur pratique durant la saison : 40% des pratiquants ont eu des douleurs, 16% des blocages (incomplets), 13% une instabilité.
La douleur est le plus souvent à l'avant du genou ou à plusieurs endroits. Une fois sur deux, la douleur s'est répétée de temps en temps toute la saison et n’a pas de facteur déclenchant particulier. La part des accidents d’aïkido est faible (10% des problèmes).
Ces problèmes se répètent souvent de saison en saison, puisque 43% des pratiquants ont eu des problèmes de genoux durant les saisons précédentes. La douleur est ce dont ils se souviennent le plus.
Les problèmes sont plus fréquents chez ceux qui pratiquent depuis plus de 5 ans et plus encore chez les plus gradés (Shodan et plus). Mais les plus anciens dans la pratique et les plus gradés sont aussi les plus âgés.
Par contre, les problèmes sont les mêmes pour les hommes et les femmes.
En d’autres termes, les techniques sont bonnes pour la santé si elles sont bien réalisées et traumatisantes si elles sont négligées.
La plupart des budos ont eu leur origine dans une sorte de programme d’amélioration physique développé en arts de self défense, puis en budo raffiné.
Parmi les excellents combattants, la longévité est certainement liée à l’amélioration de leur aptitude physique pendant l’entraînement du Budo.
Il faut comprendre toutefois que l’Aïkido est un Budo et non pas un programme ’amélioration physique.
L’Aïkido améliore seulement la santé comme résultat des exercices du budo.
De plus, n’oublions pas que les genoux sont sollicités dans toutes les activités de la vie courante, comme dans pratiquement tous les sports et les arts martiaux. Ils vieillissent aussi. Par ailleurs, les pratiquants sont de plus en plus âgés. Ne serait-ce qu’à cause de cela, nous devons prendre soin de nos genoux.

Quels sont les mouvements à risque
Une analyse biomécanique du genou montre que les mouvements pour lesquels il faut être vigilant sont essentiellement :
1. Descendre et se relever lors des ukemi,
2. S’agenouiller et se relever de la position seiza,
3. Travailler à genoux en Suwari Waza et Hanmi Handachi Waza,
4. En Tachi Waza, les pivots : Tai No Henka, Irimi-Tenkan et Taï Sabaki.

Pourquoi faut-il faire attention à ces mouvements ?
La réponse tient aux particularités de l'articulation du genou :
• Elle supporte tout le poids du corps,
• Elle ne fonctionne que dans une direction (flexion-extension),
• Elle est très superficielle (donc entourée de peu de muscles),
• Elle comporte des ménisques qui compensent le faible emboîtement entre le fémur et le tibia,
• A l'avant, la rotule améliore la transmission de la force du muscle quadriceps pour l'extension de la jambe.

Ces particularités du genou expliquent les quatre mouvements identifiés comme à risque
1. Lorsque Uke descend le corps avant une chute ou se relève après, il contracte le muscle quadriceps. Or, plus la jambe est fléchie, plus la contraction du quadriceps (le muscle à l'avant de la cuisse) entraîne une pression de la rotule sur le bas du fémur. La répétition de ces frottements plusieurs centaines de fois par cours peut entraîner une usure du cartilage, des douleurs à la flexion (syndrome fémororotulien) et, à terme, une arthrose du genou.
La contraction du quadriceps entraîne une pression de la rotule sur le fémur (la force résultante R) très importante quand le genou est fléchi.
2. Lorsque, plusieurs dizaines de fois par cours, le pratiquant s'assied en position Seiza ou se relève à partir de cette position, le même problème de contraction du quadriceps sur genou fléchi se retrouve. De plus, la forte flexion du genou entraîne un mouvement des ménisques qui reculent et se déforment pour accompagner le glissement des surfaces articulaires du bas du fémur sur le plateau tibial. La flexion complète sollicite au maximum les ménisques, et ils peuvent être lésés s'ils ne suivent pas exactement les mouvements des os. Les atteintes méniscales peuvent elles
aussi évoluer vers l'arthrose du genou. Toutefois, la position Seiza en elle-même est une position de repos où les tensions musculaires sont faibles.
3. Lors du travail en Suwari Waza4, le genou est toujours proche de la flexion maximale. Dans cette position, les ligaments latéraux sont détendus (donc jouent moins leur rôle stabilisateur) et les ménisques sont sollicités De plus, le genou est proche du sol. Normalement, seule la tubérosité tibiale antérieure est au contact du sol, mais sur un Tatami mou, la surface de contact est plus importante. Un appui sur la rotule serait très néfaste pour l'articulation fémoro-rotulienne.
4. Enfin, pour réaliser la plupart des techniques d’Aïkido, Tori a besoin de faire des changements de direction basés sur des pivots. Si le pivot est réalisé alors que le pied est en appui, le genou est sollicité en torsion alors qu'il est conçu pour
travailler seulement en flexion et extension. Des sollicitations répétées en torsion peuvent entraîner des lésions des ligaments, notamment au niveau des ligaments croisés antérieurs.
4 La position Suwari Wasa est manifestement délicate pour nos genoux occidentaux, mais sa biomécanique n’a jamais été étudiée précisément.

Comment pratiquer sans mettre ses genoux en danger ?
La première prévention, et la plus importante, c’est de pratiquer juste, c’est-à-dire, tout simplement, d’apprendre l’Aïkido.
L’Aïkido est un Budo qui permet de se connaître soi-même et de travailler sur soi-même. Pour cela, il faut éduquer ses gestes, travailler sur la perception de son attitude et de ses mouvements et s’adapter à son corps, car chacun est différent.
Le rôle du professeur est important pour guider cet apprentissage, faire prendre conscience des bonnes et mauvaises attitudes et de leurs conséquences.
Mais, finalement, c'est l'élève qui va prendre en compte ou non cet enseignement dans sa pratique.

Ceci étant précisé, voici quelques conseils pour la pratique• D’une manière générale, lors des innombrables flexions et extensions dues aux Ukemi et à la position Seiza, il faut éviter les chocs répétés sur les genoux et les prises d’appui en reportant tout son poids sur un seul genou .
Pour se relever après Ukemi, il convient de rassembler les deux pieds sous les hanches (fesses) et d’éviter ainsi les porte-à-faux : la poussée s’effectue donc sur les deux jambes en répartissant le travail entre les ischio-jambiers, les fessiers et les quadriceps.
Un geste à éviter : se relever en forçant sur un seul genou.
Rassembler ses jambes sous les fesses permet de se relever en répartissant le poids sur les deux genoux.
• La descente du corps (contraction excentrique) avant Ukemi doit être également travaillée de la même manière : les deux points d’appui cèdent sous les hanches en utilisant la force des hanches pour un minimum de force des jambes (Kokyu Ryoku). Descente du corps à la verticale au dessus des appuis.
• Seiza : pour s’asseoir (Suwarikata). En position debout, les deux pieds sont joints, écarter et plier légèrement les genoux (la main droite écarte les plis du Hakama). Poser délicatement un genou, puis l’autre. Allonger les pieds, les gros orteils se croisent, le poids vient s’appliquer sur les talons (et non pas sur les genoux) et on s’assied entre les talons tout en restant bien vertical.
Il faut avoir l’impression de soutenir le ciel avec la tête ou d’être suspendu au ciel (sensation d’auto-grandissement, étirement de la colonne vertébrale).

Bien s’asseoir en Seiza. Le poids du corps est toujours au dessus des talons et non des genoux.
• Pour se relever de la position Seiza (Tachikata) : la hanche s’élève, les doigts de pied prennent appui, le pied droit vient au niveau du genou gauche. Se dresser calmement en prenant bien appui sur les deux pieds sans se pencher.
La force dans les hanches, pousser vers le ciel (autograndissement) et diriger le mental vers l’avant.
Se relever de Seiza en poussant sur les deux genoux. Attention à garder le pied sur la même ligne que le genou. position Seiza étant une position de repos, il n’y pas de grande tension dans le quadriceps, sauf en cas de rigidité du muscle. Elle n’est donc pas dangereuse pour l’articulation fémoro-rotulienne (le problème est surtout lorsqu’on se relève).
Par contre, la flexion étant maximale, les ménisques sont très sollicités.
La principale contrainte dans cette position provient du manque de souplesse de la cheville (elle est en extension maximale) et de la compression qui gêne la circulation du sang. En conséquence, la position Seiza doit être utilisée mais sans aller au-delà de la limite du tolérable.
Trois positions alternatives à Seiza sont possibles tout en gardant la verticalité : assis en tailleur, assis jambes fléchies de côté, assis talons joints devant jambes fléchies.

Trois positions alternatives à Seiza
Particularité pour les enfants : si les adultes ont tendance à trop "forcer", c’est l’inverse pour les enfants. Si on leur propose de se mettre en tailleur au lieu de Seiza, ils le feront tout de suite. Il faut donc insister auprès d’eux sur l’intérêt d’apprendre et de respecter cette position, sans toutefois aller jusqu’à la gêne ou la douleur.

Suwari Waza : rester assis en Seiza et se déplacer à genoux sont des gestes traditionnels pour les japonais, mais difficiles pour nous qui ne les avons pas pratiqués dès la petite enfance.
De plus, nos genoux sont différents de ceux des Asiatiques et moins adaptés à ces mouvements.

Il nous faut donc apprendre progressivement le travail à genoux
1. Apprendre d’abord à se déplacer en Shikko avant de faire des techniques. Lors de Shikko (marche à genoux), il faut prêter la plus grande attention à la répartition des masses. Le poids doit porter sur les pieds, dans le prolongement de la
colonne vertébrale.
Shikko : suivant l'axe vertical du corps et non pas en avant sur les genoux. Le point de contact sur le Tatami est la pointe du tibia (tubérosité tibiale antérieure) et jamais la rotule.
2. Le travail en Suwari Waza vient ensuite. Il est important pour l'apprentissage de l'Aïkido du fait des déplacements plus limités que debout. De plus, ce travail est bon pour la santé car il déverrouille et assouplit les orteils, les chevilles et les jambes. La force, comme toujours, doit se situer au niveau des hanches, en veillant à rester vertical et à toujours ramener ses pieds sous le centre.

Le professeur doit veiller à travailler en Suwari Waza avec modération, par séquences en alternance avec le travail debout (en s’adaptant au public).
Pour les élèves, ne pas aller au-delà des limites du tolérable et alors ne pas hésiter à
travailler debout sans avoir honte (le professeur doit proposer cette possibilité).

Bonne position en Suwari Waza : verticalité et pieds rassemblés.
Un geste à éviter en Suwari Waza : reporter tout son poids sur un seul genou
• En Tachi Waza, les déplacements en pivot (Irimi-Tenkan, Taï Sabaki) ne doivent pas solliciter les genoux en rotation et en force. Rappelons que l’articulation du genou n’est pas conçue pour les rotations et donc, qu’à ce titre, il est impératif de porter son attention sur l’ouverture de la hanche afin de soulager les genoux et les pieds. Il convient donc de travailler les genoux déverrouillés, un peu fléchis, en position de ressort et d’entamer les pivots en libérant la hanche avec une amorce de rotation avant que le pied, et donc le genou, ne soit en appui sur le sol.
Ouverture de la hanche pendant un pivot.
Un geste à éviter en Tachi Waza : pivoter avec le poids en appui sur le genou qui pivote.
• De manière générale, il faut marcher et se déplacer en évitant le plus possible les fentes importantes et en gardant toujours les jambes sous les hanches (comme pour Shikko). Cela permet un maximum d’efficacité pour un minimum d’effort et de contraintes sur les genoux.
Enfin, même si les accidents du genou sont peu fréquents en Aïkido, garder ses appuis rassemblés sous les hanches diminue le risque de choc sur le genou, que ce soit avec Uke (par exemple lors de Koshi Nage) ou avec un autre pratiquant qui ne maîtrise pas sa chute.
Bonne position en Tachi Waza : verticalité, pieds peu écartés.

Comment préparer ses genoux à la pratique ?
La préparation d’Aïkido (Jumbi Dosa : Aïki Taïso) fait partie intégrante de la pratique et que toutes les bases de l’Aïkido y sont. C’est une étape importante qui permet de s’entraîner à faire les gestes justes dont nous avons besoin dans la pratique. Ce n’est pas seulement "s’échauffer". Toute la prévention est dans les différentes méthodes de préparation.

Voici quelques points de préparation importants pour les genoux :
• Adapter la préparation (durée, type de préparation…) à l’âge et à l’ancienneté des pratiquants.
Pour les débutants, les sensibiliser à la précision des gestes. Répéter… c’est le principe de tout apprentissage et de toute pédagogie.
• Travail en Shikko : il permet de s’entraîner au Suwari Waza, de travailler la verticalité. Le poids du bassin est sur les pieds, les genoux glissent et se posent délicatement sur le tatami . Ce travail développe le travail des hanches, ainsi que la stabilité.
• Montrer la bonne position Seiza , genoux correctement écartés (deux poings pour les hommes, un seul pour les femmes), bassin basculé vers l’avant, épaules basses, dos droit, le Ki fermement implanté dans le Seika Tanden, la tête légèrement étirée (suspendue par le haut).
• Apprendre à se relever et s’asseoir en Seiza, comme expliqué ci-dessus.
• Ukemi : lors des chutes avant ou arrière, il faut appliquer exactement les mêmes consignes que pour descendre et surtout se relever de la position Seiza. A aucun moment les genoux ne doivent heurter le sol. Pour cela, il est essentiel de conserver un bon appui au sol, les pieds bien repliés sous les hanches (fesses) (position accroupie sur la pointe des pieds.
Même si cela n’est pas très orthodoxe dans l’apprentissage des Ukemi, le professeur peut permettre l’usage et l’aide des mains pour se relever.
• Les pivots : Taï No Henka, Taï Sabaki, Irimi Tenkan : légèreté des déplacements, ouverture de la hanche, contact sur le sol sur la pointe des pieds, les talons très légèrement décollés du Tatami.
• Des étirements à faire lors de chaque préparation : étirements des quadriceps, des ischio-jambiers, du tenseur du
fascia lata, des jumeaux.
Etirement du droit antérieur.
Etirement des ischio-jambiers et du tenseur du fascia lata.
Le tenseur du fascia lata est un muscle voisin des ischio-jambiers qui joue le même rôle qu’eux.
Etirement des jumeaux (deux possibilités).
• Autres exercices à faire à chaque préparation : rodage articulaire (flexions, rotations des genoux…), massage et relâchement des rotules, brassage synovial.
Rodage articulaire. Massage des rotules (attention à ne jamais appuyer sur les rotules : au contraire, les soulever).
• Lors de la pratique, rappeler régulièrement les bonnes positions étudiées durant la préparation. Faire ce lien entre
préparation et pratique est très important (et doit avoir des répercussions dans la vie quotidienne).

Que faire en cas de problèmes de genoux :Il est préférable d’arrêter la pratique tant que la gêne est permanente sur le Tatami (Mitori-Geiko).
Si les problèmes de genoux (douleur ou instabilité) permettent encore de pratiquer, il faut rechercher d’autant plus les positions et gestes qui économisent les genoux et minimisent la douleur.
Autrement dit, chercher à travailler encore plus juste.

Quelques conseils pour aider la pratique dans ces conditions :
• Trouver des astuces pour limiter la charge des genoux : par exemple, se relever en s’aidant des mains allège les contraintes sur les genoux.
• Limiter les positions à genoux (Seiza, Suwari Waza). Changer sa position d’attente ou de repos. Au besoin,
se munir d’un petit coussin discret que l’on peut glisser sous les fesses. Ne pas hésiter à travailler en Tachi Waza, mais en limitant les chutes !
• Essayer les genouillères. Ne pas hésiter à les personnaliser : par exemple, les évider sur la rotule pour permettre le travail en Suwari Waza.

Hors du Dojo, on peut également :• Faire tous les jours chez soi des étirements des muscles quadriceps, ischio-jambiers, tenseur du fascia lata et jumeaux et des exercices de rodage articulaire (pédalage sans résistance).
• Renforcer la musculation des cuisses, de préférence avec le vélo ou la natation, où le poids du corps ne pèse plus sur le genou. Eviter les autres sports durant les périodes douloureuses.
Etirement du droit antérieur (à gauche) et des jumeaux (à droite).
Etirement des ischio-jambiers et du tenseur du fascia lata.
• Eviter de monter et descendre à pied les escaliers. Eviter de soulever des charges lourdes, surtout genoux fléchis.
• Perdre du poids, si nécessaire : cela évite de surcharger les genoux.

Enfin, ne pas hésiter à consulter un médecin du sport si les problèmes durent ou se répètent. Il fera un diagnostic et pourra proposer une réponse adaptée à votre cas qui pourra comporter un ou plusieurs des moyens suivants : conseils pratiques, kinésithérapie, traitement anti-inflammatoire, injections intra-articulaires, intervention chirurgicale (ménisques essentiellement).
Certains disent avoir eu de bons résultats avec l’acupuncture, le do in ou l’ostéopathie.

En conclusion...L’Aïkido est l’art de préserver la vie par une étude très fine du corps et de l’esprit qui sous-tend la pratique (Keïko). Il doit permettre de vivre plus intensément. Il est donc paradoxal qu’il puisse créer des handicaps.
Prendre soin de ses genoux implique d’accorder de l’importance à des gestes banals qui ne paraissent pas toujours importants dans la pratique mais qui se répètent souvent : descendre le corps avant Ukemi, se relever après, s’asseoir et se relever de la position Seiza, se déplacer à genoux, faire des pivots en Tachi Waza.

Nous encourageons donc les pratiquants et les professeurs à donner de l’importance à la préparation (Jumbi Dosa) et à la finesse d’exécution des techniques.
Est-il nécessaire de rappeler que l’Aïkido exclut toute forme de violence, de travail en force et de manifestation de l’ego qui engendre les problèmes ? Le Maître nous montre la voie. A nous d’en faire le meilleur usage.

" Une bonne attitude, une bonne posture, reflètent un bon état d’esprit. "
O Sensei Morihei Ueshiba
Voir aussi un développé plus complet ici :







26.10.08

L'Aïkido est-il un art de défense ?



Cette affirmation entendue parfois lors de retransmissions télévisées fait sursauter plus d'un véritable pratiquant.
Les individus tenant un tel raisonnement n'ont qu'une idée superficielle de l'Aïkido.

Contrairement à cette idée fort répandue, l'Aïkido n'est pas un art de défense mais d'attaque.

En effet, comme dans toutes les autres disciplines martiales japonaises, on part en Aïkido sur la convention que le premier attaquant est vaincu ; toutes les disciplines martiales considèrent que celui qui attaque le premier est le plus faible et que l'attaque est toujours plus lente.

L'apprentissage se fait donc selon le schéma suivant :
Attaquer, parer, contrer, ce qu'on appelle en Japonais Gonosen. C'est-à-dire apprendre à arriver avant l'adversaire bien qu'étant parti après lui. Effectivement, de telles disciplines sont des arts de self-défense.
L'adversaire nous met dans une situation difficile et nous cherchons la solution pour en sortir.
En Aïkido les premiers pas de l'apprentissage se font de cette manière, ce qu'on appelle Go No Geiko (approche Go taï).
Prévoir comment l'adversaire va attaquer constitue ce qu'on appelle le Sen no sen, et en aïki correspond au Ju no geiko (approche Ju Taï) mais, dans ces deux modes de travail, l'initiative de l'attaque même devinée reste à l'adversaire.

Signalons que le Sen no sen constitue le sommum de certaines disciplines, les autres s'arrêtant au Go no sen .
L'Aïkido à très haut niveau va encore plus loin, l'adversaire n'a aucune initiative, avant qu'il ait pensé à attaquer, il est déjà contrôlé, avant d'avoir été potentiellement dangereux, il est maîtrisé : ce qui fait dire à Me Tamura : "L'Aïkido est un art d'attaque". C'est le "Ryu no geiko (Liki Taï - ki Taï).


Les deux premiers styles de travail constituent le monde de la dualité et du manifesté ce qui fait que l'art est confiné dans la technique, la pluralité technique, les écoles, les trucs, etc...
Le fil directeur n'existe pas et l'imagination peut donner libre cours à ses fantasmes. Pourtant Mr Nakazono a répété pendant des années :
"L'Aïkido se situe avant la forme, le reste n'est que technique" et Ô Sensei :
"A partir du moment où un adversaire décide de m'attaquer, il est déjà battu".


La voie par nature est indéfinissable, mais tout le monde en parle.
Lao tseu a dit : "ceux qui parlent ne savent pas, ceux qui savent ne parlent pas", pourtant il a écrit le Tao té king.

Embrasser, voilà la solution.
Ce qui fait que l'Aïkidoka doit contrôler la situation quelle qu'elle soit.
Et pour pouvoir le faire, il ne faut pas laisser l'initiative à l'adversaire.
L'Aïkidoka ne combat pas car il n'y a pas opposition de deux entités, mais unité ; il est maître de la situation.
Tout enseignement traditionnel est basé sur la relation maître à disciple et, à ce point individualisée à un certain niveau que la vulgarisation est impensable et impossible.

0 Sensei avait coutume de dire que l'aïkido pouvait soit s'apprendre en 3 jours, soit pendant toute une vie. Trois jours si l'étude se limitait à la technique, toute la vie s'il s'agissait de l'apprentissage réel de la discipline et encore à condition de bénéficier de l'enseignement d'un expert de très haut niveau.

Me Tamura dit souvent : "dans votre technique, un écart de 1 mm et ce n'est plus de l'Aïkido, c'est tout ce que vous voulez, sauf de l'Aïkido".
"La voie est comparable au fil d'un sabre, un écart de côté et vous n'êtes plus dans la voie".
Toutes ces phrases démontrent que le véritable enseignement ne peut être donné qu'à un très haut niveau et de maître à disciple.
Ce texte est inspiré du "Traité Didactique d'Aïkido Traditionnel de Alain Peyrache - Shihan
http://aikido.k.free.fr
Aikido bezons,usob,argenteuil,bezons,sartrouville,houilles,carrières,aikido paris

16.10.08

Créer son dojo d'Aïkido Traditionnel


Conseils pour la création d’un dojo d’Aïkido " traditionnel "

Ne vous laissez pas séduire par d'apparentes facilités ou bien vous serez très vite confrontés aux assoiffés de pouvoirs qu'on rencontre partout...
A moins que vous disposiez de moyens financiers très importants, en France il n’existe que 2 choix qui généreront par la suite soit l'autonomie soit des dépendances voire des ingérances...
Même si les contraintes peuvent paraître plus fastidieuses au départ, il faut toujours privilégier la création de sa propre association plutôt qu’une intégration à une association type multisports, déjà existante.

Les raisons
-parce que l’aïkido n’est pas un sport (bien qu'il se pratique dans un dojo souvent situé dans un gymnase ou un centre sportif) et que cela évitera par la suite les confusions d’objet et de genre.
- parce qu’en créant votre propre association, vous créerez des statuts protégeant la discipline que vous pratiquez ainsi que son dirigeant (en principe ce sera le professeur c’est-à-dire le maître du dojo sans qui rien ne peut exister).
- parce qu’en fonctionnant d’une façon traditionnelle vous n’aurez de compte à rendre à personne sur la gestion de votre dojo, encore moins au président de l’association "multisports" ou aux membres de son bureau constitué de gens ignorant tout de votre discipline.
- si vous êtes enseignant bénévole et donc non rémunéré (ce qui est fréquent en aïkido) il vous sera aisé, par les cotisations de vos pratiquants, d'être autosuffisant financièrement et vous n'aurez donc pas à pleurer de quelconques subventions, ce qui vous rendrait encore plus dépendant.
- cela vous permettra de gérer les cotisations (même si celles-ci sont modiques) de façon à promouvoir exclusivement votre discipline et votre dojo, et vous pourrez restituer à ceux de vos élèves qui s'investissent le plus, une partie de leur cotisation sous forme de stages gratuits, docu, équipements...
Pour finir, si vous voulez restez libre de votre pratique (dans l'esprit du Fondateur de l'Aïkido), choisissez-vous un vrai Maître et non une fédération par laquelle vous vous créeriez une 2e dépendance !
Seuls vos résultats quant à la formation de vos élèves à l’Aïkido seront votre baromètre de réussite.


L’aïkido est un art (martial) et non un sport de compétition…
Presque tous reçoivent leurs idées toutes faites et suivent toute leur vie l’opinion.
Ils parlent dans le style du temps, ils s’habillent selon la mode, non par aucun principe, mais pour faire comme les autres.
Imitateurs serviles qui disent oui ou non selon qu’on les a suggestionnés et croient après cela s’être déterminés eux-mêmes.
N’est-ce pas là de la folie ?
Folie incurable car les hommes ne se doutent pas qu’ils sont atteints de cette manie de l’imitation.
(Sagesse orientale)
Spécificité française...
L’aïkido traditionnel est à l’opposé des conceptions liées aux associations sportives loi 1901.
Et pourtant, la loi 1901 peut s’avérer un très bon outil, pourvu que l’on prenne grand soin dans la rédaction des statuts.


Le moule "parfait" très apprécié par les détenteurs de pouvoirs (de dire oui ou non)
N’importe qui souhaitant pratiquer une discipline sportive (mais l’aïkido n’est pas un sport), même inexistante dans son coin et nouvelle pour lui, peut pour ce faire créer une association (il suffit d’être au minimum 2).
Puis il expose son projet aux autorités compétentes (adjoint au maire chargé des sports, élu local ou régional, etc…), sollicite un créneau dans les installations communales et une subvention à la communauté, cherche un professeur (de préférence à salarier, ce qui rassurera au niveau des diplômes requis par l’Etat) et l’affaire est faite.
On peut ainsi se retrouver avec un professeur salarié payé en grande partie par la communauté et avec parfois seulement quelques élèves, mais qui auront tous pouvoirs sur lui, y compris le contenu de ses cours, l’attribution des grades, l’appartenance aux différents courants ou fédérations, etc. ( !)
C’est ce qui s’appelle mettre la charrue avant les bœufs et l’on peut très vite se retrouver dans un système fermé, où le prof est à la merci d’un "patron" (en l’occurrence le bureau de l’association multisports) pouvant très bien ne rien connaître de la discipline !


En aïkido traditionnel, la démarche est inverse
C’est un pratiquant qui, estimant avoir acquit un bagage suffisant après un apprentissage et un parcours auprès d’un maître (éventuellement sanctionné par un document) va décider de créer son propre dojo (nous disons dojo et non club sportif) et ainsi devenir autonome (selon l’adage oriental : un maître, un dojo).
Il peut également décider de créer une "succursale", ce qui évitera d’entrer en concurrence avec le dojo de son maître…
Il n’a donc besoin que de solliciter l’usage de tatamis et n’est pas tributaire de subventions pour faire vivre son dojo.
S’il est bénévole (ce qui est souvent le cas dans notre univers d’aïkido traditionnel), il n’aura plus qu’à se faire connaître et faire connaître son dojo afin de le développer, sans aucun sectarisme.
Le montant des cotisations (généralement bas puisque pas de salaire) sera déterminé pour couvrir uniquement le fonctionnement et la promotion du dojo et de la discipline (publicité dans les médias, achat d'armes, assurances, remboursement de stages, frais administratifs, etc.)
Nous sommes donc ici dans un système ouvert, où le professeur est libre d’enseigner à qui il jugera apte à recevoir son enseignement mais où les élèves, eux aussi, sont libres d’accepter ce type de fonctionnement ou pas, et même de rester ou de partir à tout moment, sans pour autant avoir jamais aucun pouvoir sur le contenu des cours ni sur le maître du dojo (l’élève étant symboliquement chez le maître et non l’inverse).
Les "membres du bureau" sont représentés par des élèves exerçant des responsabilités au sein du dojo (les plus proches du prof et de son enseignement étant généralement appelés, eux aussi, à créer un jour leur propre dojo).

Un dojo est donc comparable à une entreprise (évidemment sans but lucratif).
La compréhension de ces différentes notions est fondamentale et devrait éviter de nombreuses confusions.
Les constats
Pour de nombreuses raisons, en particulier parce qu’il s’agit d’une notion orientale, très éloignée des modèles et des schémas auxquels nous sommes habitués, peu de pratiquants savent comment fonctionne un dojo traditionnel.
Encore moins les non pratiquants, et "pire" : ceux qui baignent dans des univers sportifs formatés et bordés d’œillères ou dans l’intolérance.

Pratiquer une discipline orientale comme l’aïkido n’est pas une chose évidente pour un européen. De la même façon, le fonctionnement européen est inconnu du maître japonais. Il nous faut donc à nous européens, comprendre l’esprit de l’aïkido et les lois du dojo.
Il est donc nécessaire d’intégrer l’étiquette et les règles de pratique.

Rappel de quelques notions
Comme le veut la tradition l’élève va chez le maître et quelle que soit sa tâche dans le dojo, l’élève n’est pas chez lui et ne doit jamais l’oublier.
Même après plusieurs années de pratique, un élève peut se voir interdire définitivement l’accès au cours pour des raisons que le professeur n’a pas à justifier.
Imaginons le cas d’un refus dans le contexte d’une association sportive, où le bureau est le patron du club et le professeur son débiteur, son employé aux ordres.
Comment serait gérée une telle situation si le bureau était d’un avis contraire à celui du professeur ?
Peut-on imaginer un seul instant un vrai professeur d’aïkido :
- aux ordres de ses élèves, parfois débutants
- pire, aux ordres de certains élèves qui briguent la place du professeur ou aux ordres de membres extérieurs au dojo appartenant au bureau d’une association multidisciplines.
Du point de vue traditionnel, une telle situation ne peut être acceptée. Il est impossible de faire de l’aïkido dans ce qui ne serait plus un dojo, mais bien un club sportif.
Pour nous, professeurs responsables de la tradition, le " bureau " n’est autre qu’un groupement d’élèves qui acceptent une mission supplémentaire, qui prennent des responsabilités, qui agissent au nom du maître et qui ont sa caution. Ces élèves s’appellent traditionnellement des uchi deshi. Le professeur n’ayant pas toutes les qualités, il s’entoure de gens compétents qui connaissent leur place.
Chaque fois que le maître à faire un rappel à l’ordre, c’est que les anciens n’ont pas fait leur travail.

Le dojo est hiérarchisé, chacun se mettant à sa place.
Les pratiquants, les uchi deshi, les professeurs sont considérés à leur juste valeur. Ces 2 derniers doivent remplir leurs rôles exacts et ne pas les laisser aux consommateurs, aux associations ou aux fédérations.
Celui qui trouve cela anormal, antidémocratique, doit partir ; sa place n’est pas dans un dojo.
Il n’y a pas de place pour la contestation dans un dojo, que l’élève a choisi. Ce qui ne veut pas dire que l’élève ne soit pas autorisé à émettre un avis, au contraire. Cela fait partie des relations normales entre maître et élève et permet au maître, par ses explications, de faire progresser l’élève. Le respect est fondamental.

On n’achète pas la technique. La cotisation montre une gratitude envers l’enseignement reçu : on ne peut recevoir sans rien donner.

On ne discute pas à propos d’une technique : bien que l’élève soit autorisé à avoir un avis personnel et différent, s’il doute ou n’est pas convaincu, il est libre de s’en aller.
Il n’est pas là pour faire un cours dans le cours, l’élève expérimenté n’est pas le professeur, il est simplement sur la voie…

L’aïkido n’est pas un produit de consommation et le fait de s’être acquitté de la cotisation annuelle n’ouvre aucun droit particulier quant à l’enseignement du maître, cela montre simplement la volonté du pratiquant de participer au fonctionnement du dojo.

usob,aikido,bezons,epa,ista,