25.9.12

Budo et art martial

Cette période de septembre est généralement celle que beaucoup de pratiquants choisissent pour s'inscrire dans les dojos.
Une idée reçue (une de plus) qui découle du fait qu'en France toutes les activités sont rythmées sur les calendriers scolaires, comme si tous les français avaient un enfant d'âge scolaire...
C'est évidemment une stupidité et à plus d'un titre.
Les disciplines sportives sont liées également à leurs calendriers de compétitions.
L'aïkido est victime de ces 2 aléas bien que ce ne soit pas un sport et qu'il ne soit assujetti à aucun calendrier. De surcroît on n'est pas aïkidoka que dans les seules périodes d'activités scolaires mais 24h/24 et 365 jours par an.
On est donc bien contraint de s'accommoder de cette réalité ancrée dans les esprits et que tout le monde contribue à entretenir.

A l'occasion de cette "rentrée" (puisqu'il faut bien lui donner un nom) j'ai distribué publiquement des invitations pour un essai gratuit.
L'une des personnes croisées à cette occasion a souhaité engager une conversation sur le thème des arts martiaux et c'est l'objet du présent article.
Cette personne (en treillis militaire) s'est décrite comme légionnaire français (d'origine russe) et connaissant le persan, il se préparait pour une prochaine mission en Afganistan.
Il n'avait donc rien d'un enfant de cœur en matière de combat et son analyse était d'autant plus intéressante.
Il m'a félicité sur ma volonté de faire connaître l'aïkido traditionnel, art martial "pacifique" si l'en est, et non destructeur.
Il m'a informé qu'on lui avait enseigné quant à lui le kravmaga, notamment en Israël.
Cela me conduit à préciser que l'aïkido, bien qu'incluant certaines techniques aux origines communes, n'a rien à voire avec cette discipline conçue pour détruire et enseignée dans un cadre militaire.
Les buts ne sont pas les mêmes, les environnements non plus.
Ceci m'amène à préciser que l'aïkido n'est pas du combat de rue et qu'il est impropre à être enseigné tel quel à des militaires engagés sur le terrain.
De même, il semble à mes yeux tout à fait erroné de vouloir enseigner le kravmaga à des jeunes filles de nos villes, à moins d'envisager pour elles une carrière militaire...
Il faut donc bien distinguer les budo (arts de guerre) des arts martiaux sensés être des outils pour la  recherche de soi (do).    

23.9.12

Ne pas cracher dans la soupe

Un parcours d'aïkidoka est fait de rencontres, de recherches, de hasards aussi, qu'on les ait favorisés ou non.
Avant de savoir en quoi consiste exactement l'aïkido, la première approche ne permet souvent que de survoler les multiples facettes et les possibles orientations n'apparaissent souvent que par la suite.
Si l'on a poussé la porte d'un dojo en ne se laissant guider que par le hasard ou la proximité, le professeur peut ne pas correspondre à ce que l'on cherche ou bien de nouvelles motivations peuvent apparaître. C'est ainsi qu'au fur et à mesure de son apprentissage on errera de dojo en dojo jusqu'à trouver LE maître, pour soi idéal.
Cette réalité n'oblige en rien à renier les professeurs qui ont fait de vous ce que vous êtes, y compris ceux qui ne vous ont que peu ou rien apporté, ce qui est quand même rare. Au moins ces derniers vous auront-ils permis de faire les différences en aiguisant votre analyse et votre jugement.
Même si les chemins peuvent parfois beaucoup s'éloigner il faut continuer d'être reconnaissant envers tous car au travers nos choix ils nous ont permis de nous construire.
J'ai pour ma part commencé comme beaucoup par le judo. C'est lui, René Ginet, qui m'a insufflé les premières notions de l'univers des arts martiaux et qui m'a permis de découvrir l'aïkido, nouveau en France. Un type formidable, généreux et ouvert comme on en rencontre peu et de moins en moins.
Ont suivi une succession de professeurs, que je n'ai que rarement abandonnés de mon fait (ceux-là, je ne me souviens même plus de leurs prénoms).
Malgré des routes devenues différentes, je serai à jamais reconnaissant envers Eric, Serge, Xavier et Pascal qui tous ont participé à mes (modestes) connaissances jusqu'en 1997.


http://aikido.montlucon.free.fr/remerciements.html

10.9.12

Aïkido et discriminations

Constats
 
Dans les communes à moins d'appartenir à un réseau d'influences (politique ou autre), les clubs d'aïkido sont systématiquement déconsidérés par rapport à ceux qui courent après les médailles.
Et pour cause puisque notre discipline n'est pas un sport et encore moins un sport de compétition.
Pour plaire à leurs électeurs, les politiques et ceux qui tirent les ficelles en matière d'attribution de créneaux favorisent les disciplines qui sont dans l'air du temps.
Les politiques ne font pas de philosophie et n'ont pas vocation de promouvoir une discipline véhiculant des messages humanistes ou pacifistes.
Une seule chose compte : le nombre d'électeurs satisfaits et plus il y a de phénomènes de masse meilleure en sera l'exploitation politique pourvu qu'il soient bien captés.
Les communes ne voient aucun inconvénient à ce qu'il y ait 10 clubs de gym, 7 de foot ou 5 de basket, au contraire elles pensent que cela crée une émulation.
Mais pas en aïkido puisqu'il n'y a pas de compétitions.
C'est ainsi qu'elles peuvent parfois contraindre certains clubs à rebaptiser leur discipline afin de ne pas mécontenter un club déjà en place !
C'est aberrant mais ça existe dans nombre de communes et  ce chantage est connu.
C'est ainsi qu'on se retrouve avec des noms un peu bizarres d'arts martiaux parfaitement inconnus, ce qui aggrave le handicap pour démarrer ces clubs et beaucoup meurent, faute d'avoir jamais pu se développer.
Dans notre pays, père des Droits de l'homme et des libertés - et soi-disant démocratique - c'est ainsi que cela se passe.
Les minorités ont un droit théorique, à condition de pouvoir le défendre en permanence.
Même problème que pour ceux qui revendiquent "une différence", quelle qu'elle soit.
Mais chut faut pas dire tout ça, c'est pas la norme !
Désolé mais j'ai toujours lutté contre les formatages et la manipulation des esprits...
Et je n'évoque même pas la notion de tradition qui me ferait employer le terme de dojo et non de club, ce qui augmenterait encore le fossé de nos différences !    

"Presque tous reçoivent leurs idées toutes faites et suivent toute leur vie l’opinion.
Ils parlent dans le style du temps, ils s’habillent selon la mode, non par aucun principe, mais pour faire comme les autres.
Imitateurs serviles qui disent oui ou non selon qu’on les a suggestionnés et croient après cela s’être déterminés eux-mêmes.
N’est-ce pas là de la folie ?
Folie incurable car les hommes ne se doutent pas qu’ils sont atteints de cette manie de l’imitation".
(Sagesse orientale)

Egalité de traitement
 
La liberté dont dispose la commune sollicitée doit se conformer au principe de l’égalité de traitement entre les usagers. On doit être vigilant à ne pas être victime de discrimination vis-à-vis d’autres associations requérantes. La différence de traitement peut en effet être considérée comme excès de pouvoir si le refus n’est dûment motivé par des raisons légales. Il doit y avoir égalité de traitement de situations semblables, mais il n’y a pas d’obstacle à ce que des situations différentes soient traitées de façon différentes. Il s’agit alors de voir dans quelle mesure il est porté atteinte au principe d’égalité devant les services publics.
Si vous estimez être victime d’une inégalité de traitement vous pouvez saisir le juge administratif.
Attention toutefois aux conséquences car il y a fort à parier que même si vous gagnez, vous risquez d’avoir ensuite du mal à travailler avec la mairie et bonjour l'ambiance. Mieux vaut parfois une bonne et franche discussion qu’un mauvais contentieux.
 
Contester un refus de mise à disposition de salle
 
Pour contester un refus d’attribution de locaux, vous devez saisir le juge administratif d’un recours pour excès de pouvoir (REP) dans les 2 mois de la notification du refus (1). Il s’agit d’un recours en annulation d’un acte administratif unilatéral faisant grief.
Le recours ne pourra être présenté que si votre association est déclarée.
Celle-ci pourra invoquer à l’appui de son recours, des moyens tels que l’incompétence, le vice de forme ou de procédure (si la demande n’a pas été soumise au vote de l’assemblée délibérante par exemple) ainsi que le détournement de pouvoir, la violation de la règle de droit et des motifs relatifs à l’acte lui-même (erreur de droit ou erreur manifeste d’appréciation).
 
(1) mais que les communes se gardent bien de notifier par écrit
 
source partielle : revue « Associations mode d’emploi » 

 

L'aïkido peut-il se vendre ?


Chacun sait qu'un club d'aïkido ne peut souvent exister que parce que la commune qui l'héberge lui octroie des installations. Cela s'apparente parfois à une véritable aumône plus qu'à un partenariat. Et si elle le fait c'est parce qu'elle juge qu'elle en retirera un intérêt, qu'il soit politique ou autre. La condition sinequanone est le nombre d'adhérents que l'association recueillera. Dès lors se pose pour notre discipline la question de la qualité et de la quantité. L'aïkido étant avant tout un art, comment expliquer à des élus obsédés par l'image sportive et les médailles, que notre discipline ne s'adresse pas à une masse mais à des individus et que l'aïkido n'est pas un sport ?
Pris dans cet engrenage infernal, les clubs se voient contraints chaque année de participer à des manifestations du type "forums des sports" et aux mascarades des démonstrations, à la tenue de stands vantant les mérites de notre art et toutes autres farces pour attirer de la clientèle.
Les puristes mettront en avant qu'on n'a pas à se vendre, que les pratiquants doivent venir à l'aïkido d'eux mêmes en se rendant dans un dojo, etc.
Mais à notre époque ça ne se passe pas comme ça.
L'aïkido ne véhicule aucune masse de fric de sponsors et il figure en conséquence que très peu dans les médias.
La pression permanente que les communes mettent sur les clubs (pas de chiffre = pas de salle pour pratiquer) impose à ceux-ci une démarche quasi commerciale à l'opposé de notre philosophie traditionnelle.
Chaque année en cette période de septembre on nous oblige à faire les putes et c'est pour bon nombre de professeurs un moment extrêmement pénible et dévalorisant.
Pour ceux qui ont une haute idée de l'aïkido, ces forums des sports où nous ne devrions pas être, s'apparentent à une foire aux vins où seuls quelques palais délicats pourront apprécier nos différences.
Ces moments grand guignolesques laissent des lendemains amers car on a l'impression d'avoir vendu une partie de notre âme et de la noblesse de notre discipline.
Pour les bénévoles de l'aïkido traditionnel la démotivation est à son paroxysme, tant les écarts sont grands entre leurs idéaux et les réalités de terrain.

9.9.12

Echanges d'états d'âmes à l'occasion de "forums des sports"


Bien qu'on soit aïkidoka toute l'année, y compris pendant les congés scolaires, la date anniversaire des réinscriptions est habituellement septembre. C'est également dans cette période que fleurissent les forums municipaux en tout genre et c'est l'occasion pour beaucoup d'associations d'échanger quelques constats et analyses.  En temps normal c'est chacun pour soi et chaque club cherche à attirer vers lui un maximum d'adhérents. Mais la convivialité lors de ces forums, même si elle est éphémère, est propice aux confidences et aux état d'âmes. Il en ressort que la tendance générale, bien que n'étant pas nouvelle, est à l'égoïsme des adhérents et leurs non implications dans la vie associative, estimant que tout leur est dû dès lors qu'ils ont payé leur cotisation. C'est particulièrement choquant dans l'univers de l'aïkido, mais aucune activité n'échappe à cette mentalité des profits tous azimuts et sans contrepartie. En changeant de club, certains vont même jusqu'à négocier un grade en récompense de leur nouvelle adhésion, n'ayant aucun scrupule et surtout pas celui de la reconnaissance envers leur professeur. Ces personnages sont difficiles à identifier mais lorsqu'ils le sont, peu de clubs refusent leur inscription, faisant eux aussi feu de tout bois. 
Un professeur ayant donné le meilleur de lui-même pour transmettre son art ne peut être que fortement frustré de voir partir un élève s'il s'y est naturellement attaché et ça peut même abimer s'il s'est particulièrement investi. C'est ce qui m'a été confié aujourd'hui.