10.9.12

L'aïkido peut-il se vendre ?


Chacun sait qu'un club d'aïkido ne peut souvent exister que parce que la commune qui l'héberge lui octroie des installations. Cela s'apparente parfois à une véritable aumône plus qu'à un partenariat. Et si elle le fait c'est parce qu'elle juge qu'elle en retirera un intérêt, qu'il soit politique ou autre. La condition sinequanone est le nombre d'adhérents que l'association recueillera. Dès lors se pose pour notre discipline la question de la qualité et de la quantité. L'aïkido étant avant tout un art, comment expliquer à des élus obsédés par l'image sportive et les médailles, que notre discipline ne s'adresse pas à une masse mais à des individus et que l'aïkido n'est pas un sport ?
Pris dans cet engrenage infernal, les clubs se voient contraints chaque année de participer à des manifestations du type "forums des sports" et aux mascarades des démonstrations, à la tenue de stands vantant les mérites de notre art et toutes autres farces pour attirer de la clientèle.
Les puristes mettront en avant qu'on n'a pas à se vendre, que les pratiquants doivent venir à l'aïkido d'eux mêmes en se rendant dans un dojo, etc.
Mais à notre époque ça ne se passe pas comme ça.
L'aïkido ne véhicule aucune masse de fric de sponsors et il figure en conséquence que très peu dans les médias.
La pression permanente que les communes mettent sur les clubs (pas de chiffre = pas de salle pour pratiquer) impose à ceux-ci une démarche quasi commerciale à l'opposé de notre philosophie traditionnelle.
Chaque année en cette période de septembre on nous oblige à faire les putes et c'est pour bon nombre de professeurs un moment extrêmement pénible et dévalorisant.
Pour ceux qui ont une haute idée de l'aïkido, ces forums des sports où nous ne devrions pas être, s'apparentent à une foire aux vins où seuls quelques palais délicats pourront apprécier nos différences.
Ces moments grand guignolesques laissent des lendemains amers car on a l'impression d'avoir vendu une partie de notre âme et de la noblesse de notre discipline.
Pour les bénévoles de l'aïkido traditionnel la démotivation est à son paroxysme, tant les écarts sont grands entre leurs idéaux et les réalités de terrain.

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