19.4.13

Détournements de fonds, y a pas que certains politiques...

...ou l'art et la manière de collecter des fonds à son seul profit personnel, par le biais d'une association sportive.
C'est difficile à croire et pourtant de telles pratiques existent bel et bien. 
Les méthodes :
1 - les adhérents sont invités à régler leur cotisation en espèces ou bien à laisser en blanc le bénéficiaire de leur chèque. Le prof complète ensuite l'ordre (qui peut être un tiers complice) et le tour est joué si aucun contrôle n'est effectué par le fisc, les émetteurs des chèques ou les banquiers. 
2 - s'il s'agit de régler une participation à un stage, l'animateur se considère comme "un intervenant" et se désigne directement comme bénéficiaire dans les moyens de paiement.
Certains de ces "intervenants" assurent la promotion de leurs stages en mettant en avant des titres délivrés par leurs fédérations et en s'appuyant sur des circuits internes.
Néanmoins, ces stages restent du domaine "privé" puisque les fonds vont directement de la poche des participants à la poche de l'animateur sans jamais transiter par une comptabilité associative quelle qu'elle soit.
Et bien sûr, "le matériel utilisé" est aux frais des contribuables : tatamis, salle de sport, personnel communal, etc. 
Dans les 2 cas, les mouvements financiers échappent totalement à la comptabilité de l'association et les adhérents sont évidemment floués puisqu'ils n'exercent aucun contrôle sur la façon de gérer l'argent collecté. Dans de tels cas de figure, il est surprenant qu'aucun adhérent n'exige de pouvoir exercer le droit de regard prévu dans la loi 1901.

Cela ne peut se concevoir :
1 - que si le professeur instaure une autorité interdisant tout acte démocratique, ce comportement s'apparentant alors à celle d'un gourou à la tête d'une secte.
2 - que si le dirigeant (le professeur) a les membres du bureau dans sa poche (président, trésorier et secrétaire) qui sont alors complices de ces détournements de fonds. Vu les risques encourus, il est difficile d'imaginer qu'ils n'en tirent pas eux-mêmes un avantage quelconque.
3 - que si la structure (fédérale ou autre) hébergeant ces pratiquants indélicats "accepte un flou artistique comptable" et cela malgré que ces intervenants se présentent sous son étiquette (ça donne confiance mais trompe les stagiaires).
Le summum de la malhonnêteté est atteint si le professeur est également le président de l'association et qu'il la dirige à la manière d'une entreprise en vue d'en tirer un gain financier exclusivement personnel et non au profit de l'association. Etre salarié de l'association n'aurait pourtant rien d'illégal pourvu qu'il soit déclaré en tant que tel.
Quand cette "association" exerce son activité en étant hébergée gratuitement dans des locaux publiques (par exemple installations sportives appartenant à une commune) cela signifie exploiter un bien financé par les contribuables pour en tirer un profit personnel.
Il serait cocasse d'apprendre qu'une telle "association sportive" soit en plus bénéficiaire de subventions communales ou régionales ! 
Tous ces faits étant hautement répréhensibles, on peut se demander comment certains s'y prennent pour échapper à tout contrôle pouvant exposer à des poursuites, si ce n'est qu'ils jouissent de "protections" ?
Les malversations ne sont donc évidemment pas l'apanage de certains politiques.

Réflexions
 
Dans notre monde dominé par l'argent, tous les moyens sont bons pour utiliser les failles de systèmes à bout de souffle. Les nobles idéaux disparaissent au profit d'avantages personnels que certains oseront justifier par le fait que notre société est elle-même de plus en plus amorale.
C'est chacun pour soi dans le sauve qui peut qui se dessine.
Le pourcentage de gens honnêtes diminue de jour en jour et le phénomène est d'autant amplifié que la peur du gendarme est inversement proportionnelle au rang social.
Les inégalités devant la justice sont de plus en plus flagrantes (du reste le simple acte de porter plainte n'est plus gratuit).
Ce ne sont pourtant pas ceux qui sont les plus fragiles financièrement qui sont le plus portés sur les tricheries. Bien au contraire, le fric étant source de toujours plus d'avidité et l'imagination étant sans fin pour les truands et les exploiteurs, il y a pour eux des enrichissements exponentiels.
Et comme beaucoup passent à travers les mailles du filet volontairement prévues larges, ça finit par donner des idées à ceux restés en marge.
Pour schématiser, certains commentateurs raccourcissent leurs analyses en opposant les gens du nord à ceux du sud. Tout le monde aura compris : il y a les gentils en haut et les méchants en bas.
"Tout le monde il en veut du ça qu'est bon", le phénomène "fric" est planétaire et aucun pays n'y échappe, excepté peut-être le Bouthan qui a eu le génie d'instaurer "le bonheur national brut" !?
C'est bien connu, il est dit qu'il n'est pas interdit d'être hors la loi mais qu'il est interdit de se faire prendre. Cela en dit long sur la moralité de ceux qui se retranchent derrière ce mode d'emploi : les gens seraient donc tous honnêtes...jusqu'à preuve du contraire ? En fait il y aurait donc les couillons qui se font prendre et les autres (pas moins malhonnêtes) ? La moralité n'est-elle plus réduite qu'à cela dans notre société ? 

Pour en revenir au concret...

L'univers de l'aïkido bien que n'étant pas assimilable à celui du sport de compétition (faut quand même pas déconner), a lui aussi ses brebis galeuses qui font feu de tout bois pour se faire "menue monnaie".
Le cas qui m'a été rapporté, si j'ai bien compris, rapporterait au bas mot 10 000 € /an à son auteur. Ce pactole peut paraître peu élevé, mais il est énorme par rapport au budget d'un modeste club de quartier puisqu'il éponge la totalité "des cotisations".
Il est normal de pouvoir se faire rémunérer pour un travail ou une prestation. Il en va tout autrement quand c'est d'une façon illégale, au détriment de naïfs pratiquants ignorant tout de l'usage fait de leurs cotisations et en manœuvrant de façon à éliminer les concurrents honnêtes, avec la complicité de gens détenteurs de pouvoirs.
C'est d'autant plus dérangeant que c'est à l'opposé de l'image de l'aïkido qui est sensé défendre des valeurs nobles.
 
On avait déjà vu le cas de professeurs qui percevaient un salaire de la part de dojos où ils ne mettaient quasiment jamais les pieds. Comme ils étaient seuls dans leur région à être titulaires du papier appelé "diplôme d'état", ils passaient à la caisse de plusieurs clubs alors que les véritables animateurs (ceux qui enseignaient) étaient bénévoles. Le système franco-français encourage ce genre de comportement et les petits malins en exploitent les failles puisqu'il n'y a aucun contrôle. C'est aux adhérents des associations de ne pas accepter. Mais comme souvent la comptabilité est aux mains de pratiquants anciens ayant été "promus" par les bénéficiaires du système, les pratiquants lambda ne sont au courant de rien. De plus, qui pourrait s'imaginer que l'aïkido - art martial si noble - puisse héberger des magouilleurs, d'autant que ceux-ci jouissent souvent d'une réputation régionale (titres, grades, relations en sphères influentes, etc.).