15.1.12

Fédération ou tradition ?

Le choix ne peut-il être rapproché de celui qu'on fait entre choisir pour patron une entreprise anonyme ou bien une affaire ayant à sa tête un patron reconnu ?

Dans la 1ère, on n'est qu'un N° d'employé représenté par un dossier géré par un responsable des "ressources humaines", dans l'autre l'employeur s'attache à connaître des individus composant son entreprise.

Cette différence paraît anodine puisqu'il faudra dans les 2 cas mériter son salaire. Mais l'état d'esprit dans lequel s'effectuera le travail sera fondamentalement différent.

Personnellement je préfère travailler pour un homme, même si je sais qu'il peut s'en mettre plein les fouilles grâce à mon travail, plutôt que pour une entité anonyme où l'Humain passe derrière l'intérêt financier, si tant est qu'il soit considéré comme un humain et non comme un outil parmi les autres.

Le terme "ressources humaines" est apparu il y a quelques dizaines d'années en copiant - comme d'habitude - ce qu'il y a de plus détestable chez les termes anglo-saxons. Ce choix terminologique est néanmoins très significatif car il a bien une connotation de rentabilité, au même titre que les mines de charbon, le pétrole, les minerais, etc.  Auparavant on nommait "service du personnel" tout ce qui touchait à la gestion des individus, à leurs attributions de postes et surtout à leurs potentiels. "Ressources humaines" trahit un intérêt à sens unique, uniquement celui de l'entreprise.

Les problèmes de nos sociétés sont liés à ces scandaleuses dérives, qui ne sont évidemment pas que sémantiques.

Il n'y a pas de fatalité, tout est possible si l'on accepte de nouveaux concepts de sociétés et la reconnaissance des valeurs véritables : celles des valeurs humaines, celles de la vie sous toutes ses formes.

Cela peut paraître éloigné du présent propos mais pourtant Ô sensei avait déjà analysé avec une grande lucidité :  "Le mal et le désordre règnent dans le monde parce que les peuples ont oublié que tout vient d'une seule source. Retournez à la Source et abandonnez les pensées égoïstes, les désirs mesquins et la colère. Celui qui n'est possédé par rien possède tout."

2.1.12

Aïkido traditionnel, un maître un dojo...et lois sportives

La loi interdit aux enseignants des associations d'être rémunérés s'ils ne sont pas détenteurs du papier appelé "diplôme d'état".



Notre intention ici n'est pas de débattre du bien fondé de cette spécificité franco-française s'adressant à un art japonais sans compétition.
Mais parmi tous les effets pervers que cette situation a entraînés, il en est un particulièrement préjudiciable à la discipline et à leurs acteurs authentiques car Il a été maintes fois constaté que l'enseignant officiellement déclaré aux autorités n'est pas en fait celui que l'on voit sur le terrain (les tatamis).
Ainsi le professeur sensé faire les cours (seul détenteur de diplôme d'état et donc seul à pouvoir être éventuellement rémunéré) n'est jamais là ou ne fait que de brèves apparitions de pure forme et surtout...pour passer à la caisse.
Depuis l'apparition de cette loi (il y a une quinzaine d'années), on a vu se multiplier les clubs avec à leur tête un nom unique pour plusieurs dojos, ce qui multiplie les gains et constitue une façon détournée d'instaurer des monopoles.
Dans ces clubs, officiellement il y a un seul professeur diplômé d'état, les autres n'étant que des "assistants" (non diplômés) mais assurant dans les faits la quasi totalité des cours dans les "dojos succursales" du "club officiel" du "seul professeur diplômé d'état".
Ce phénomène ne peut être ignoré des autorités locales, mais le label "diplôme d'état" étant à leurs yeux "légal" et donc "rassurant" ça leur permet de dormir tranquille. Et officiellement c'est bien un diplômé d'état qui a été déclaré pour tous ces clubs, même si au fil des mois et des années, trop occupé par son propre club (la maison-mère) il n'y fait plus que de furtives apparitions.
Ces "petits arrangements locaux" contribuent à écarter du système des professeurs appartenant à des écoles traditionnelles qui eux, ont refusé de s'intégrer à l'une des fédérations françaises détentrices du monopole d'attribution du fameux papier (franco-français et non reconnu hors frontières). 
Car pour eux Fédération française ne peut que signifier aïkido "local" répondant de plus à des normes sportives qui sont contraires à l'essence même de l'aïkido de son fondateur (japonais).
Dans un tel système, que reste t-il du concept "un maître un dojo" propre aux arts martiaux traditionnels ? Que reste t-il de la notion d'autonomie qui devrait en découler, but ultime ?
Rien.