27.2.11

Mon maître me choisit parfois comme partenaire...

Mon maître me choisit parfois comme partenaire pour montrer aux autres pratiquants. Que dois-je en déduire ?

Réponse : rien du tout.
C’est qu’il a tout simplement jugé que vous pouviez convenir à sa démonstration du moment. 
Ce n’est en aucun cas le reflet d’un niveau quelconque. 
Selon le but recherché il peut très bien choisir un débutant comme il peut choisir un pratiquant  expérimenté. 
Il faut savoir aussi que souvent le maître teste les comportements.
Malgré que certains puissent être flattés d’être choisis, il peut s’agir en fait de tester l’ego du pratiquant, que chacun sait être à l’opposé de l’aïkido.
Vouloir développer son ego est le signe d’un besoin de reconnaissance alors que son comportement aboutit à un résultat inverse. 
Paradoxalement, on observe que c’est souvent ce type de profil qui se comporte en uke et non en aïte. 
Abandonner totalement son corps à tori, fut-il son professeur, est le signe d’une faiblesse quasi suicidaire. 
Croyant « faire plaisir à son maître » et donc très "soumis", il chutera prématurément ou sans aucune raison et de préférence de façon « spectaculaire », alors que chuter n’est qu’une protection. 
Vouloir se sauvegarder alors qu’il n’y a encore aucun danger ça s’appelle pleurer avant d’avoir mal et ça n’est pas très martial. 
De plus cette attitude discrédite le professeur aux yeux des autres pratiquants et souvent ça démolit sa démonstration ou ses explications.
Il faut donc chuter au bon moment, ni trop tôt ni trop tard. 
Certains ne connaîtront jamais le bon timing et se blesseront un jour ou l’autre ou bien passeront leur vie à chuter dans un simulacre de maîtrise qui ne trompera pas le véritable pratiquant.

20.2.11

Rigueur ou laxisme ?

Même si l’on veut conserver le plus possible les règles d’étiquette, il est de nos jours quasi impossible de les imposer toutes avec rigueur sans courir le risque de voir les pratiquants se tourner vers des dojos plus laxistes, critère qui ne devrait pas entrer en ligne de compte dans le choix du maître.
Certaines déviances peuvent entraîner de graves perturbations au fonctionnement d’un dojo.
Il s’agira donc de déterminer quelles dérogations pourront être ponctuellement tolérées et celles qu’il conviendra de ne pas accepter sans risquer le chaos.

Respect des horaires. Arriver en retard doit être exceptionnel. En tout état de cause le pratiquant devra s’en excuser auprès du professeur dès que possible. Il existe des dojos où la porte est close dès que le cours commence…
De même si le pratiquant doit écourter sa participation au cours, il faudra qu’il en ait prévenu avant le début du cours.
Il est toujours possible d’accorder une dérogation d’horaire à un pratiquant s’il en justifie la raison mais il faudra veiller à ce que l’exception ne fasse pas tache d’huile.
Il est à notre sens préférable d’arriver en retard que ne pas venir du tout. Il faut néanmoins veiller à une homogénéité des règles et que les dérogations ne soient pas perturbantes pour l’ensemble des pratiquants.

Parler pendant les cours. C’est toujours au détriment de la pratique : mieux vaut expérimenter que discuter. D’autre part :
- l’aïkido se situe au niveau du ressenti et non du verbal
- ça peut déranger les autres pratiquants
- la gestion de la respiration est fortement perturbée et influence négativement la pratique
Néanmoins un dojo c’est pas non plus l’armée. Si un pratiquant ne peut éviter de s’exprimer verbalement il devra le faire qu’à titre exceptionnel et à voix basse afin de ne pas perturber son entourage et générer un effet boule de neige qui générera immanquablement un brouhaha inacceptable.

Imposer l’assiduité aux cours. On revient aux notions d’adhérent consommateur ou vrai pratiquant d’aïkido qui souhaite progresser. De nos jours on ne peut plus imposer l’assiduité, à moins qu’on ne craigne pas d’avoir un effectif très restreint.
Profiles à éviter : certains « consommateurs » confondent un dojo avec un gymnase club* où l’on vient quand on veut, le jour qu’on veut, avec la périodicité qu’on veut. Généralement c’est le profile type de celui qui ne sait pas ce qu’il veut et qui va même s’inscrire dans divers activités sans jamais en approfondir aucune. De toute évidence ces gens là ne progresseront jamais en aucun domaine.
Ce genre de pratiquant n’offre aucun intérêt et si possible il faudra éviter qu’il s’inscrive dans votre dojo. Vous avez sans doute mieux à faire que de consacrer du temps à ces pratiquants volatiles prêts à vous quitter à tout moment.
* Il faut souligner également que ce type de clubs aux multi activités et aux horaires libres pratiquent généralement des tarifs très élevés sans commune mesure avec les tarifs observés dans les dojos « normaux ».

Cours dans le cours. Guider et se comporter en sempaï ne signifie pas faire un cours dans le cours, même si le pratiquant est ancien dans le dojo ou fait partie des uchi deshi.
C’est signe que le pratiquant ne connaît pas sa place et ce n’est pas acceptable.
Il ne faut pas hésiter à le recadrer immédiatement et à le sanctionner ou l’exclure de votre dojo si son attitude devient récurrente. Le but est que le pratiquant devienne totalement autonome mais pas dans votre dojo...

Manifestation de l’ego. Un dojo d’aïkido ne doit pas accepter la présence de pratiquants incapables de contrôler leur ego. Par contre avoir une forte personnalité peut être une qualité appréciable, à condition que celle-ci ne déborde pas sur celle des autres pratiquants ou sur le groupe. Il faut veiller à conserver une homogénéité.

Brutalité. Il arrive que des pratiquants viennent à l’aïkido justement parce qu’ils ne savent pas gérer leur propre agressivité. Le travail doit alors consister à mettre l’accent sur la fluidité en démontrant que la force musculaire est inutile. Il faut tout particulièrement veiller à ce que les pratiquantes féminines ne fassent pas les frais des débuts de leur apprentissage car c’est ce qu’on peut souvent observer. Bien entendu toute brutalité est interdite dans un dojo d’aïkido.

16.2.11

Le choix du maître

Questions-réponses
La discipline que vous enseignez, le Taïkido, est peu connue. En quoi consiste t-elle ?
Notre art martial est le seul à englober plusieurs disciplines traditionnelles basées sur les notions d’énergie. Le Taïkido étudie l’homme dans sa globalité (tant sur le plan physique que psychique), le but étant que chacun trouve sa propre voie (do). Il inclut l’Aïkido.


En 1997 vous aviez déjà pratiqué pendant plus de 15 ans au sein de plusieurs clubs FFAB et effectué de nombreux stages avec les représentants perçus comme étant parmi les meilleurs de l'aïkido. Pourquoi avoir rejoint l’EPA-ISTA International et décidé de suivre l’enseignement d’Alain Peyrache ?
A cette époque se sont présentées 2 options :
1 - continuer d’appartenir à un club affilié à une fédération franco-française dans laquelle le choix du professeur ne paraissait pas important, laissant porter les adhérents par les hasards. Du reste on parlait bien de clubs où souvent les enseignants se succédaient sans se soucier des élèves et vise et versa. Tout le monde était interchangeable et cela semblait ne choquer personne.

2 - choisir un enseignement traditionnel tel que le proposaient Alain Peyrache et au travers lui, les dojos issus du concept « un maître un dojo », comme au Japon.

L’EPA-ISTA International est le seul espace qui regroupe librement des individus et qui ne fédère pas des clubs.

Outre cette approche traditionnelle, j’ai découvert que tout ce que j’avais appris en 15 ans de pratique assidue devait être remis en cause car à ma grande surprise mon aïkido ne fonctionnait plus avec les pratiquants de cette Ecole.
Pourtant, vu de l'extérieur rien ne semblait différent.  
D’autres pratiquants dans la même situation pensaient même ne plus être dignes de porter le hakama !
En fait je devais me rendre à l'évidence que je ne savais pratiquement rien de l'aïkido.

Ce fut pour moi un moment important et inattendu qui mit à l’épreuve mes facultés de mettre mon ego de côté. L’aïkido étant aussi une école d’humilité, j’ai surmonté cette période sans trop de difficultés et avec le recul j’ai pu constater qu’en moins de 2 ans, j’avais appris davantage que les 15 années précédentes !

Si l'on veut progresser on doit avant tout bien choisir son maître, un maître authentique.

Le 2e paramètre pour progresser est l'enseignement, la transmission.

Ces 2 critères ont été une révélation car jamais évoqués auparavant par mes anciens professeurs.

J'ai eu dès lors la chance de pouvoir orienter ma pratique telle que je la concevais : environnement libre de toute hiérarchie fédérative, choix de la pratique, bref un véritable enrichissement permanent non limité dans le temps ou par des dictacts venus d'incompétents ne connaissant rien de la discipline.


Qu’est-ce qui diffère un enseignement traditionnel dans un dojo d’un enseignement dans un club fédéré ?
Sans entrer dans les détails qui prendraient de nombreuses pages, disons qu’on met l’accent sur l’accomplissement de soi et la recherche de l’unité. Les techniques ne sont que des outils. N’importe qui est capable d’exécuter une technique après l’avoir répétée un certain nombre de fois. Cela ne fait pas de vous un bon aïkidoka.

Nous apprenons à gérer une situation et à appliquer éventuellement la technique adéquate.

La plupart des autres professeurs font l'inverse, imprégnés de leur culture occidentale.

Pour vous donner une image, on ne cherche pas à placer une technique dont on s'est fait une spécialité (comme en judo), c'est la technique qui s'imposera selon la situation.



Pourtant dans tous les clubs les cours sont basés sur l’apprentissage des techniques. On voit les pratiquants placer leurs mains, leurs pieds, ajouter une technique une fois que tout est en place. Comment faites vous dans vos dojos ?
Dans nos dojos on étudie les bases sur lesquelles reposent les techniques.
Pour donner une image, si on veut apprendre à monter à cheval comme un cowboy, on commence par faire du manège et on fait en sorte de se familiariser avec l'environnement du cheval.
En aïkido, un bon placement, un bon timing, une bonne distance et l’on s’aperçoit très vite que la technique s’impose, sans même parfois qu’elle soit indispensable pour maîtriser la situation.
L’approche orientale va du global au subtil, c’est à dire exactement l’inverse de ce qui est généralement enseigné dans la plupart des clubs non EPA.
Dans ces clubs, pourtant souvent dirigés par des diplômés d'état (pour un art japonais, cherchez l'erreur...), j’ai vu de nombreux cours pendant lesquels on passait des heures à apprendre à placer un pied, puis une main, puis un autre pied, etc., quand ça collait pour le haut, c'est le bas qui n'allait plus, etc.
A la fin du cours on ne savait toujours pas placer son corps et au final on n’avait rien appris. Les mois et les années s’écoulent ainsi avec l’illusion, de temps en temps, de maîtriser une technique. Et comme dans ces cours là tout le monde est dans le même cas, on ne s'aperçoit même plus que ça fonctionne uniquement parce qu’on est entre aïkidokas complaisants, histoire de ne pas égratigner l'ego.
Dans nos dojos on sait pourquoi une technique fonctionne ou pas et on est capable de l'expliquer. Et en général la raison n'est pas tant technique que parce que les conditions ne sont pas réunies.
D’ailleurs lors des « stages » des fédérations c’est très révélateur : comme on pratique avec des partenaires qu’on ne connaît pas, la complaisance n’étant plus forcément de mise il est fréquent de constater que les techniques ne fonctionnent plus.

Il est surprenant que ces pratiquants acceptent cet état de fait sans s’interroger. Combien d’aïkidokas se posent ils des questions en remettant en cause la pratique qui leur a été enseignée ? En général ils considèrent que c'est parce qu'ils n'ont pas encore un niveau suffisant. Mais en fait toute leur vie ils attendront un niveau qui ne viendra jamais puisque la cause est d'ordre pédagogique et souvent liée à une approche occidentale.



N’est-ce pas aussi pour cela que l’aïkido paraît aux non pratiquants, inefficace ou apparentée à une chorégraphie ?
Tout à fait. Le plus paradoxal c’est que beaucoup de pratiquants eux-mêmes ne croient pas en ce qu’ils font. Mais chemin faisant ils ont fini quand même par y trouver leur compte, même s’ils ignorent que 90 % de l’aïkido ne leur a jamais été enseigné.
La TV couleur ne manque pas aux indiens d’Amazonie puisqu’ils en ignorent l’existence.
Chacun est libre, y compris de vouloir pratiquer l’aïkido et faire tout son contraire.


En quoi l’aïkido enseigné selon votre approche constitue t - il aussi un art de vivre et une philosophie ?
Ainsi qu’évoqué, savoir placer son corps dans un certain contexte apprend à tenir compte de son environnement et ceux qui le constituent. Savoir apprécier une situation, évaluer les éléments d’un conflit et gérer sans violence conduisent à un plus au quotidien.
Ce n’est pas la technique qui fera de vous un vainqueur mais bien votre capacité à résoudre le problème en amont et c’est valorisant.


Revenons sur le qualificatif de « traditionnel » revendiqué aussi par d’autres clubs. En quoi le votre se distingue t-il ?
C’est fondamental de bien comprendre nos différences.
D’abord on ne pratique pas dans un club de consommateurs ayant payé une cotisation mais dans un dojo ou l’on recherche la voie.

Chacun doit y connaître sa place exacte. Notre dojo répond au concept oriental « un maître un dojo ».

Le tokonoma y rappelle le fondateur et son enseignement, que le maître du dojo s’engage à transmettre.
Nous veillons à ne pas faire un aïkido "local", un aïkido franco-français n'est pas l'Aïkido.
C'est pourtant ce que l'on voit fréquemment dans notre pays, quand on ne voit pas se développer un aïkido "sportif", à l'opposé des bases de l'aïkido.
Dans les clubs on trouve un président, un secrétaire, un trésorier. C'est normal puisqu'ils ont généralement des structures associatives. Mais ces fonctions peuvent se chevaucher dans la pratique et ça peut être préjudiciable au bon fonctionnement d’un dojo traditionnel. Nous on y préfère les termes uchi deshi, sampaï, kohaï, dohaï, etc.
Dès le 1er jour de pratique, nos T aïkidokas apprennent à transmettre ; le but de notre pratique est la recherche de l’autonomie et cette notion est omniprésente.

Tous ces aspects nous distinguent des clubs franco-français, à nos yeux incompatibles avec l’esprit de l’Aïkido et du Taïkido.

Bien évidemment, notre dojo n’est pas seul en France à défendre ces concepts mais ça n’est pas la majorité, malheureusement.
Chacun est libre de ses choix mais il faut savoir ce qu'on veut.
Tous droits réservés

13.2.11

Créer son dojo traditionnel

Ce qu'il faut savoir avant toute chose

Au fil du temps vous avez acquis des qualités d’autonomie et c’est du reste pourquoi vous souhaitez créer votre propre dojo traditionnel.
La création d’une salle d’arts martiaux doit répondre à de nombreuses normes imposées par la réglementation et doit forcément se situer dans un bâtiment.
Parce que vous n’avez pas de tonton en Amérique et que vous ne disposez pas de gros capitaux personnels vous allez vraisemblablement devoir solliciter des créneaux dans des installations communales.
Cela signifie que vous allez être appelé à caresser dans le sens du poil les élus locaux et leurs services des sports.
Même si vous avez constitué avec soin un dossier « béton » et quelques soient les arguments positifs qu’il contient vous n’obtiendrez gain de cause que si « les politiques » le veulent bien.
C’est ainsi en France.
Si vous n’avez pas de réseau de relations et ne connaissez personne ou si vous ne vous adressez pas à la bonne personne (une de celles qui tirent les ficelles), votre démarche pourra vite se transformer en parcours du combattant et les arguments qu’on vous opposera seront toujours les mêmes, récurrents :
Ce que vous allez entendre :
- "tous les créneaux sont déjà attribués". En vérité : chacun sait que toutes les communes gardent en réserve quelques créneaux mais qu’ils attribuent virtuellement à une discipline, souvent le judo (pratique puisqu’il y a du judo partout).
- "il y a déjà une ou des activités similaires dans la commune ou dans la région". En vérité vos interlocuteurs ne connaissent rien de votre discipline et du reste ils s’en moquent éperdument.
- "on ne veut pas de concurrence entre les clubs (d’aïkido)". En vérité ça les gêne pas qu’il y ait 4 clubs de foot, 3 de natation etc.
- "vous n’avez pas de diplôme franco-français". En vérité : et pour cause, l’aïkido étant un art martial japonais, il n’y a pas plus stupide que de délivrer un diplôme français répondant à des normes françaises…qui peut très bien avoir été délivré par un non pratiquant de la discipline…Aurait-on idée de délivrer un diplôme de capacité à un artiste peintre, un sculpteur, un musicien…
- "vous n’appartenez pas à une fédération franco-française".  En vérité : et pour cause puisque c’est un art contraire aux notions sportives (dixit le fondateur de l’aïkido) et de surcroît sans compétition.

Lorsqu’un art ne peut pas s’exprimer dans sa diversité, ça interpelle

Cela rappelle aussi certains systèmes autoritaires en mémoire en France et dans d’autres pays que l‘on dénonce journellement…histoire de détourner le regard de ce qui se passe chez nous.

Pour créer son dojo, il faudra donc se montrer téméraire et volontaire sans pour autant paraître arrogant, ce qui peut arriver si vous êtes doté de beaucoup d’enthousiasme.
Un autre « détail » qu’il faut savoir : si vous venez d’une autre région que celle où vous vous apprêtez de monter un dojo, vérifiez avant quel accueil est susceptible de vous être fait (sauf si vous venez de province et vous installez en sur Paris).
Il faudra souvent taire que vous venez de Paris ou de la région parisienne si vous vous trouvez maintenant en province car beaucoup de provinciaux sont affublés (à tort) de complexes d’infériorité par rapport aux habitants des grandes métropoles et vous serez taxé d’emblée d’arrogance.
Enfin, faites vous à l’idée que le rythme pour prendre des décisions n’est pas forcément celui auquel vous êtes habitué si vous viviez auparavant à Paris…
Pour que votre projet finisse par s’emboîter, il faudra peut-être patienter de nombreux mois, voir des années.
Bon courage…